Leçons d'harmonie
Aslan (Timur Aidarbekov), adolescent taciturne et solitaire, vit auprès de sa grand‑mère dans une cahute isolée du Kazakhstan. Au collège, il ne cesse de subir brimades et humiliations de la part de Bolat (Aslan Anarbayev), une petite frappe qui rackette et malmène les élèves les plus vulnérables. Habile et doué dans la confection d’armes, il prépare sa vengeance en silence.
La théorie de Darwin étudiée en classe trouve sa résonance effective tout au long du film d’Emir Baigazin. Dans cet établissement, les élèves se répartissent selon une effroyable dialectique : les grands s’octroient le droit de racketter les Sixièmes et de les cogner si la recette n’est pas bonne. En tentant de couper court à cet abus de pouvoir, Aslan libère une pulsion de survie, qui le rend pourtant plus proche de ces bourreaux dès la seconde partie du film. La violence qui l’habite est telle qu’elle se niche dans un hors champ fait de sang et de heurts, que des policiers déroutés relateront après‑coup.
Si l’harmonie imprègne la nature désolée des paysages kazakhs, à travers des plans fixes d’une impressionnante beauté, elle gagne pourtant en dissonance avec le comportement ambigu du protagoniste.