par Laurence Mijoin
09 novembre 2010 - 11h11

Le temps d'un week-end

VO
Scent of a Woman
année
1992
Réalisateur
InterprètesAl Pacino, Chris O'Donnell, James Rebhorn, Gabrielle Anwar, Philip Seymour Hoffman, Nicholas Sadler
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Garçon loyal et réservé, Charles (Chris O’Donnell) étudie au prestigieux collège de Baird, porte d’entrée privilégiée à l’université de Harvard. Un soir, alors qu’il se promène sur le campus, il est témoin d’une farce fomentée par trois élèves, visant à humilier l’un de leurs professeurs. Le projet ayant été mis à exécution, le prof menace Charles de le renvoyer s’il ne donne pas les noms des coupables, et lui propose une récompense en échange de ses aveux : une place bien au chaud à Harvard. Car Charles, boursier, n’est pas né avec une cuiller en argent dans la bouche, contrairement à ses camarades. Originaire de l’Oregon, où sa mère et son beau‑père tiennent une épicerie familiale, il a d’ailleurs besoin d’argent de poche pour payer son billet d’avion pour les prochaines vacances de Noël.

Découvrant une annonce proposant de garder une personne à domicile pendant le week‑end de Thanksgiving, Charles se rend sur place et rencontre le lieutenant‑colonel Slade (Al Pacino), un homme aveugle, aigri par la vie et carburant au whisky, que sa nièce a besoin de « faire surveiller » pour s’évader en famille. Étant le seul candidat à avoir répondu à l’annonce, il obtient le job. Mais il est loin d’imaginer toutes les péripéties qu’il va traverser durant ce week‑end. Slade a en effet prévu de partir pour New York avec le jeune homme, pour manger dans de grands restaurants, dormir dans les plus beaux hôtels, partager un repas avec son frère, et éventuellement danser le tango avec de magnifiques jeunes femmes, qu’il aime et chérit par‑dessus tout. Embarqué dans cette aventure à contrecœur, Charles va peu à peu comprendre et apprécier cet individu qui ne cherche finalement qu’une chose : vaincre la solitude et retrouver goût à la vie.

Réalisateur à la filmographie disparate (Le flic de Beverly Hills, Rencontre avec Joe Black, Amours troubles, plus connu sous le titre Gigli), Martin Brest signait avec Le temps d’un week‑end un remake de Parfum de femme (le titre original est d’ailleurs Scent of a Woman), pour lequel Al Pacino a décroché l’Oscar du Meilleur acteur en 1993. Il faut dire que la prestation du monstre sacré du cinéma contribue fortement à la réussite du film. Infect au possible, le comédien ne révèle l’humanité de son personnage que par petites touches savamment dosées, évitant de sombrer dans le pathos, et le nourrit d’un léger cabotinage qui sied parfaitement à ce lieutenant‑colonel à l’humour mordant, toujours prêt à étaler son expérience de la vie.

Si Al Pacino s’en sort comme toujours avec les honneurs, le jeune Chris O’Donnell se montre amplement à la hauteur de cet affrontement. En retrait pendant une large partie du film, le timide étudiant s’affirmera dans un climax qui révèle l’étendue de son talent. Le duo fonctionne donc à merveille, doté de dialogues truculents (Slade scandant son amour pour les femmes) et de scènes aux tonalités variées. Difficile de croire que le film dure plus de 2h30, tant l’on apprécie ces personnages à la psychologie fouillée, évoluant sans à‑coups et progressivement pour mieux être transfigurés par leur rencontre. Car c’est bien entendu de cela dont il s’agit : la métamorphose de deux hommes aux caractères contraires et finalement complémentaires, chacun se nourrissant de l’autre pour prendre un nouvel élan, faire les choix qui s’imposent. Tandis que le jeune Charles réanime peu à peu le cœur endormi de l’ancien militaire, ce dernier prodigue de précieux conseils, le prend sous son aile comme pour mieux l’aider à prendre son envol, lui rappelant que certaines valeurs comme l’honnêteté, l’intégrité, la sincérité et la grandeur d’âme n’ont pas de valeur marchande, et qu’il ne tient qu’à lui de les cultiver.

Un poignant film double, à la fois récit initiatique (l’affirmation de l’étudiant au sein d’un groupe régi par la loi du plus fort) et réflexion sur la quête du bonheur, dont le seul bémol serait sa conclusion, très hollywoodienne dans sa forme, mais qui offre malgré tout un mémorable monologue d’Al Pacino (qui n'est pas sans rappeler l'ampleur de son discours dans L'enfer du dimanche).

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Scent of a Woman
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
01/09/2010
image
BD-50, 156', toutes zones
1.85
HD 1 080p (VC-1)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français DTS 2.0
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Japonais DTS mono
Allemand DTS 2.0
Espagnol DTS 2.0
Portugais DTS 2.0
Russe DTS 2.0
sous-titres
Français, anglais, japonais, allemand, espagnol, portugais, espagnol, danois, néerlandais, polonais, norvégien, turc, mandarin…
7
10
image
Dès les premières secondes du générique, on remarque la présence de défauts de pellicule (surtout des points blancs), et ce, jusqu'à la fin du film. Peu abondants, ils sont néanmoins constamment présents et entachent quelque peu cette édition HD, par ailleurs très granuleuse (toutefois lié au film en lui‑même, et non à la copie). Les séquences les moins exposées peinent donc à livrer des noirs profonds. Dans l'ensemble, le disque propose de belles nuances (teintes automnales pour l'université et couleurs plus glacées pour New York la magnifique) et un bon niveau de détail, satisfaisant étant donné l'âge du film (près de vingt ans).
7
10
son
La piste anglaise, à préférer ici à la VF 2.0, est la seule à proposer une version DTS‑HD Master Audio 5.1, qui garantit des dialogues clairs, des voix profondes et chaudes (le timbre d'Al Pacino…) et quelques séquences d'une belle ampleur (le tango de Pacino et Gabrielle Anwar sur l'incroyable chanson Por une cabeza). Si le film, intimiste, ne se prête pas nécessairement aux démonstrations sonores, on aurait toutefois apprécié une spatialisation plus affirmée sur certaines séquences.
0
10
bonus
- Aucun
Une absence d'autant plus dommageable que le DVD proposait des bonus (commentaire audio du réalisateur, making of, scènes inédites…).
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