Le silence de Lorna
Après deux Palmes d’or au Festival de Cannes (Rosetta en 1999 et L’enfant en 2005), les frères Dardenne ne sont pas rentrés dans le rang confortable des cinéastes reconnus, exploitant un fonds de commerce auteuriste leur assurant prix et reconnaissance automatiques (voir Atom Egoyan, Amos Gitai, Pedro Costa ou encore Michael Haneke).
Dans Le silence de Lorna, leur rigueur est intacte, leur acteur fétiche toujours présent (Jérémie Renier) et Arta Dobroski, une nouvelle venue aussi convaincante qu’Émilie Dequenne (Rosetta) ou Déborah François (L’enfant), fait ses premiers pas devant la caméra.
L’héroïne du Silence de Lorna est une jeune Albanaise qui, afin d’obtenir la nationalité belge, a épousé Claudy, un junkie peroxydé. Dans l’espoir d’acquérir un petit restaurant en compagnie de son homme, Lorna a pactisé avec un malfrat. Une overdose opportune de son mari et la voici veuve, contrainte de faire un mariage blanc avec un truand russe.
Tourné en 35 mm, Le silence de Lorna a perdu un peu de la mobilité et de la fragilité de cette caméra à l’épaule qui caractérisait le style de Rosetta surtout, mais la description d’une femme prête à tout pour survivre au milieu d’une jungle socio-économique impitoyable, reste impressionnante et confère au film une incroyable puissance dramatique. L’un des must du moment.