Le seigneur des anneaux : les anneaux de pouvoir saison 2
« Luxe, calme et volupté ». Tel était le programme des Anneaux de pouvoir saison 1 au risque de paraphraser Baudelaire. Luxe, car tout respirait les gros moyens dans cette époque inaugurale : décors, costumes, effets spéciaux. C’était clairement la fête aux pupilles et les dizaines de millions (le budget total de la série devrait dépasser le milliard de dollars) dépensés par Amazon éclataient à l’écran.
Volupté, car, grâce à cette série tirée des appendices au Seigneur des anneaux, les amateurs d’heroic fantasy pouvaient replonger avec bonheur dans l’univers, les grands héros tragiques et les lieux formidables évoqués par Tolkien dans sa trilogie ainsi que dans Bilbo le Hobbit.
Calme parce que cette saison 1 était aussi longue, très très longue, chaque séquence semblant étirée plus que de raison. Tout ça pour, au final, « simplement » installer les protagonistes, raviver le souvenir de lieux emblématiques et révéler que Sauron n’est pas (encore) l’œil du Mordor, mais bien une créature d’apparence humaine. Un être fourbe qui se joue de ses adversaires les plus opiniâtres. Au premier titre l’elfe Galadriel (excellente Morfydd Clark), pourtant acharnée à la perte de l’Ennemi.
Une saison 2 qui accélère, enfin
Bonne nouvelle, si la saison 2 des Anneaux de pouvoir (8 épisodes) nourrit toujours son programme de luxe et de volupté, le tempo, lui, s’accélère singulièrement. La placide mise en place de la première époque permet à la seconde de déployer une trame beaucoup plus dense et animée. Une ossature fort bien troussée qui sait ménager une bonne scène d’action à chaque épisode et entretient une intrigue plus globale où l’on en apprend plus sur l’actuelle incarnation de Sauron. Le machiavélique méchant n’est pas un simple sorcier mais bien plutôt le vaisseau d’une puissance ténébreuse primordiale sans doute aussi vieille que l’univers lui‑même.
On voit aussi comment le même Sauron va se jouer de tous et en premier lieu du prodigieux orfèvre elfe Celebrimbor (Charles Edwards) pour forger des anneaux de pouvoir et tenter d’asservir elfes, nains et hommes avec cette quincaillerie corrompue par l’Anneau unique.
La saison 2 permet aussi de développer un vilain secondaire prometteur, l’elfe déchu Adar, qui commande à des légions orques. Ce vilain, entraperçu en saison 1, prend de l’épaisseur et de la nuance. C’est heureux, car lui aussi entend faire la peau à Sauron.
Encore quelques écueils
Si l’ensemble des intrigues réussit à se resserrer autour de la course aux anneaux, même le jusque‑là fastidieux voyage de la proto‑Hobbit Nori (Markella Kavenagh) et de l’étranger tombé des étoiles (Daniel Weyman), quelques trames secondaires peinent encore à trouver sens. Au premier rang, la lutte de pouvoir à laquelle se livrent à Numenor la reine Miriel (Cynthia Addai‑Robinson) et le corrompu Pharazôn (Trystan Gravelle).
Peu importe si cette saison 2 des Anneaux de pouvoir parvient à rassembler convenablement toutes ses intrigues : le pari d’une époque de grande qualité et naviguant à vive allure est d’ores et déjà gagné.