Le président
« On est gouvernés par des lascars qui fixent le prix de la betterave et qui seraient seulement pas foutus de faire pousser des radis », dit l’acteur Pierre Larquey au milieu du film. Un peu plus tard, c’est au tour de Jean Gabin : « Un homme pas plus mal qu'un autre... Quand on a cette ambition‑là on ouvre un bazar, on ne gouverne pas une nation ».
Écrit par Michel Audiard, Le président regorge ainsi de dialogues inoubliables, de joutes oratoires dont on voudrait retenir chaque mot, à commencer par le duel final qui oppose le président Beaufort (Gabin) à son principal opposant politique.
Adapté d’un roman de Georges Simenon et réalisé par l’un des meilleurs artisans du cinéma populaire français des années 1960, Henri Verneuil, Le président raconte comment un ancien président du Conseil (Gabin) décide de reprendre du service après vingt ans de retraite, afin d’empêcher l’arrivée au pouvoir de Philippe Chalamont, un opposant qui symbolise l’émergence d’une nouvelle génération d’hommes pour lesquels la politique n’est plus affaire de vocation mais de métier.
S’inspirant à la fois de Clémenceau et de De Gaulle, Gabin compose un patriarche époustouflant (rôle auquel la suite de sa carrière le cantonnera souvent) qui a décidé, une dernière fois, de rugir contre un monde qui perd de sa noblesse. Une merveille qui se clôt par une scène d’interpellation à la Chambre des Députés devenue anthologique.