Le portrait de Jennie
Tandis qu’il peine à vivre de ses toiles, Eben Adams (Joseph Cotten) croise une étrange fillette prénommée Jennie Appleton (Jennifer Jones) dans Central Park. Son air mutin et innocent le pousse à délaisser les paysages et natures mortes dont il est coutumier pour esquisser des croquis plus personnels à son effigie. Étrangement, Jennie vieillit au fur et à mesure de leurs rencontres…
Muse changeante au gré des saisons ou de la maturité artistique de son créateur, Jennie n’incarne t‑elle pas un rêve quand elle lui permet d’accéder à une certaine reconnaissance, puis un cauchemar dès lors qu’elle lui rappelle, en dépit de son incroyable beauté, combien le temps fige les portraits mais n’épargne pas le devenir réel des individus ?
Plus qu’une magnifique histoire d’amour, Le portrait de Jennie propose une merveilleuse réflexion sur la relation exclusive (et parfois fantasmatique) du peintre et de son modèle. Produit par David O. Sleznick (Autant en emporte le vent), cette romance onirique nous ensorcelle avec ses fascinantes percées fantastiques (les retrouvailles récurrentes dans Central Park sont à la fois belles et terrifiantes), sublimées par une scène de tempête magistralement réalisée pour l'époque. Un classique de l’âge d’or hollywoodien indispensable.