Le parrain III épilogue : la mort de Michael Corleone
Trente ans après sa sortie initiale au cinéma, Francis Ford Coppola propose un nouveau montage du dernier épisode de sa trilogie du Parrain. Entièrement restauré en 4K pour l'occasion, le film est désormais intitulé Le parrain épilogue : la mort de Michael Corleone.
Ce troisième opus de la saga mondialement connue met en scène Michael Corleone (Al Pacino) qui, à bientôt 60 ans, est déjà fatigué. Il veut prendre de la distance avec les activités mafieuses de sa famille pour se réhabiliter lui et les siens aux yeux de la société et de l’Église. Pour ce faire, il tente de conclure un accord financier avec le Vatican, mais très vite son passé criminel le rattrape.
Dans les années 80, Francis Ford Coppola avait déclaré à de nombreuses reprises qu’il en avait terminé avec la famille Corleone et qu’il ne voyait pas l’intérêt de donner une suite aux deux premiers films. Et il était sincère. Mais au début des années 90, le metteur est financièrement aux abois. Quand la Paramount lui propose de tourner un troisième opus, il ne peut qu’accepter malgré de nombreuses concessions à venir, tant sur le scénario que sur le montage. Quand le film sort, les quatorze nominations aux Oscars et le succès au box‑office n’effacent pas l’amertume du cinéaste qui, à l'instar de certaines critiques de l’époque, pense qu’il aurait pu faire beaucoup mieux.
Trente ans après, Coppola s’offre donc une nouvelle chance de livrer à ses yeux un meilleur film. Un nouveau titre (en fait, le titre original de l'auteur des romans, Mario Puz) et sept mois de montage plus tard, il finit par accoucher d’une nouvelle version du Parrain 3, sa version définitive. Si elle dure cinq minutes de moins que la version originale, elle est plus radicale et moins nostalgique. Les deux changements majeurs opérés par le cinéaste se trouvent au début et à la fin du long métrage. Tous les autres changements dans l’intervalle sont mineurs, quasi invisibles pour tous ceux qui ne connaissent pas Le parrain 3 par cœur.
Désormais, l’ouverture du film nous plonge directement dans l'intrigue principale qui oppose le Vatican au Parrain. Il s’agit d’une scène qui existait déjà dans le montage initial mais que le réalisateur a remontée au début du film. En revanche, le final est complètement inédit. Il est bien plus âpre, sombre et lourd de sens que dans la conclusion initiale. Il tombe comme un couperet et, associé au nouveau titre, prend une nouvelle dimension.
Le pari du réalisateur est d’autant plus osé que la fin originale du Parrain 3 était à mettre au crédit des trop rares séquences réussies du film et que cette nouvelle fin contrariera forcément les puristes. On peine à voir autre chose dans ce choix plus radical et lourd de sens qu'une tentative désespérée du cinéaste de changer son « Histoire » pour que ceux qui s'apprêtent à redécouvrir le film ou le découvrir pour la première fois s’en souviennent autrement, voir peut‑être un peu mieux.