par Cédric Melon
25 novembre 2010 - 15h20

Le Nouveau Monde

VO
The New World
année
2005
Réalisateur
InterprètesColin Farrell, Christian Bale, Noah Taylor, Wes Studi, Ben Chaplin, Christopher Plummer, Q’Orianka Kilcher
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

1607. Trois navires anglais en quête de trésors qu’ils pensent trouver dans les territoires encore inexplorés de l’Amérique, accostent en Virginie et fondent Jamestown, la première communauté de Colons installée dans le Nouveau Monde. Sans le savoir, le capitaine Newport et ses hommes débarquent au cœur d'un empire indien très sophistiqué dirigé par le puissant chef Powhatan. John Smith (Colin Farrell) est chargé de nouer le premier contact avec la tribu, et tombe sous le charme de la jeune Pocahontas.

Sur fond de guerre (les Anglais ne connaissent alors que la loi du canon) et de plongées contemplatives dans cet Eden terrestre (le panthéisme de Malick trouve enfin un milieu à sa hauteur, puisque l’Amérique est alors une nature, un fantasme et une histoire qui commence), Le Nouveau Monde raconte à la fois une idylle amoureuse qui s’achèvera dans les jardins en damiers de Londres, et le cauchemar d’une poignée de Colons qui, reclus dans les franges du continent, ne devront leur salut qu’à une jeune Indienne.

Si Terrence Malick filme la confrontation entre la civilisation et un peuple proche de la nature avec une épure, un lyrisme et un classicisme fascinants, il retrace en filigrane rien moins que les débuts de l’Amérique. Dès la séquence d’ouverture (prodigieuse), Malick retourne le mythe comme un gant. L’arrivée des navires est filmée depuis la côte, non pas du point de vue des Colons, mais de celui des Indiens. Dès lors, le film prend l’histoire de l’Amérique à rebours, jette aux orties le récit de la conquête (la mythologie de la Frontière n’existe pas encore) et se cale sur la trajectoire de la jeune Indienne (Q'Orianka Kilcher), dont chacune des apparitions est une séance d’envoûtement. Des forêts chatoyantes de Virginie au monde corseté de l’Angleterre, la jeune femme finit par vivre le rêve alors avorté des Colons. Quant à Colin Farrell et Christian Bale, ils livrent ici une de leurs meilleures prestations.

Le Nouveau Monde que décrit le film de Malick n’est pas la Terre Promise tant glorifiée par le western, ni celle d’un espace dont l’Ancien Monde se serait proclamé le maître, mais la Vieille Europe dans laquelle l’Indienne débarque et, contre toute attente, trouve ses marques. La dernière demi‑heure du film, où après avoir été reçue à la Cour d’Angleterre, la jeune femme ressent dans les jardins londoniens la magie de son Ancien Monde, atteint des sommets d’intelligence et de poésie. C’est évidemment le second tour de force du film qui, à la sempiternelle vision de l’Indigène déporté hors de son monde et transformé ailleurs en bête de foire, oppose une lecture inédite et courageuse. Le Nouveau Monde n’est pas là où on le croyait…

Quatrième film de Terrence Malick en trente‑deux ans, Le Nouveau Monde est aussi son chef‑d’œuvre. Un monument d’intelligence (et d’exigence) qui navigue à cent coudées au‑dessus de la production contemporaine et possède une puissance souveraine dont on ne trouve aujourd’hui guère d’équivalent que dans le cinéma de Michael Mann (Miami Vice).

Cette version longue n’a pas seulement été rallongée de 37 minutes de scènes inédites, mais a aussi bénéficié d’un remontage sévère. Si l’histoire ne change pas, elle semble moins dense, mais offre une meilleure respiration au récit et une plus grande amplitude au film lui‑même. Le rythme est aussi plus lent, la dimension poétique accrue. Une nouvelle version spectaculaire qui renvoie aux similitudes incroyables qu’il peut y avoir entre le film de Malick et celui de James Cameron. Avatar ne s’inspire pas seulement de la même histoire, il est quasiment son remake.

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The New World
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
01/12/2010
image
BD-50, 107', zone B
2.35
HD 1 080p (VC-1)
16/9 natif
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français
8
10
image
L’image de cette édition Blu‑Ray provient du master américain (avec sous‑titres anglais incrustés à même le master pour les passages en langue algonquine) et le résultat est assez impressionnant. La gestion des contrastes est encore meilleure que sur la précédente version, et donne davantage de profondeur et de réalisme aux paysages magnifiques filmés par Malick. Les noirs sont d’une profondeur abyssale, le niveau de détail inouï. Seul bémol, il arrive que parfois la tenue de l’image ne soit pas constante. Les rajouts sont majoritairement invisibles, mais il reste parfois un décalage entre les plans originaux et les scènes rajoutées.
10
10
son
Cette version DTS-HD Master Audio 5.1 anglaise est supérieure en termes de puissance à son homologue française. Les basses se montrent profondes, denses et parfaitement dosées. La répartition est elle aussi un modèle du genre, offrant une atmosphère et un environnement sonores tout simplement délicieux. La puissance, la richesse et la parfaite harmonie entre les ambiances musicales et la clarté des dialogues sont une référence. Un régal !
7
10
bonus
- Making of (56')
- Bande-annonce
Ce making of de pratiquement une heure n’est pas exceptionnel, mais il permet d’entrevoir la manière de travailler d’un cinéaste rare à l'écran. On assiste ainsi à chaque étape de préparation du film et au déroulement d’un tournage long de six mois. Jack Fisk, le chef‑décorateur, revient sur la construction de Jamestown et du village indien selon les croquis de White, le tout supervisé par des archéologues. On se délecte également des travaux préparatoires de Raoul Trujillo, chargé de rendre crédibles les Indiens au début du XVIIe siècle, ou encore de l'interview de Sarah Green, qui se souvient à quel point il a été difficile de trouver sa Pocahontas. L’audition de la comédienne Q'Orianka Kilcher est certainement un des grands moments du documentaire.
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