Le Moine
Inspiré librement du roman gothique éponyme de Matthew G. Lewis (1776), Le Moine de Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien, Lemming) tombe à propos pour ce réalisateur atypique préoccupé par les contradictions d’ordre existentielles.
Ainsi, lorsque le frère Ambrosio (Vincent Cassel, très convaincant) échange sa foi divine contre les plaisirs de la chair, le thème du péché originel, vieux comme le monde, est exhumé. Toutefois, le film se prémunit des clichés religieux et, comme l’indique sa citation inaugurale : « Satan n’a que le pouvoir qu’on veut bien lui donner », Ambrosio a le choix entre la promesse de chasteté, finalement castratrice, et l’explosion de ses pulsions, dictées malgré lui par sa nature d’homme.
Le paradoxe de la morale, le combat entre l’instinct et l’ordre policé, détermine la trajectoire décadente de ce personnage sacrifié. Sa part de ténèbres s’exprime en un cauchemar de formes et de lumières : l’aridité du désert contrastant avec les brumes d’un cimetière, les variations chromatiques et solaires, les fermetures et ouvertures à l’iris, comme pour signifier le franchissement d’un règne harmonieux vers un état d’hypnose. À voir.