par Paco Altura
02 janvier 2014 - 11h12

Le majordome

VO
The Butler
année
2013
Réalisateur
InterprètesForest Whitaker, Oprah Winfrey, David Oyelowo, Cuba Googing Jr
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Né dans une plantation du Sud, Cecil Gaines réussit à être engagé comme majordome à la Maison‑Blanche. L’homme va servir en silence sous sept présidents américains, d'Eisenhower à Reagan, tandis que son fils Louis devient un acteur majeur du grand mouvement des droits civiques.

Un sujet en or, un acteur couvert de prix (Forest Whitaker), une ahurissante distribution de seconds rôles (Robin Williams, Jane Fonda, John Cusack, Vanessa Redgrave, Alan Rickman…). Visiblement, Lee Daniels, réalisateur de Precious, n’a pas froid aux yeux : Le majordome brosse près de six décennies de lutte pour l’égalité des Afro‑Américains !

Pourtant, malgré ou à cause de l’ampleur de son sujet, Lee Daniels livre un film très sage. Certains aspects sont dignes d’emballement : si Forest Withaker en fait un peu trop dans la retenue, l’animatrice télé Oprah Winfrey est stupéfiante de justesse. Les grandes dates (Freedom Riders, Little Rock…) de la marche vers l’égalité sont bien dépeintes, cadrage et photographie compris. Telle une belle porcelaine façonnée par un artisan appliqué, Le majordome éduque, flatte l’œil, titille, mais se révèle dépourvu de souffle, du moindre grain de folie. Le vent de l’Histoire ne gonfle donc jamais ses voiles malgré un sujet 24 carats et une incroyable conjugaison de talents.

On pourrait croire que cet ultra‑classicisme est un accident. Il s’avère plutôt un savant (bon) calcul pour Lee Daniels : le film a été son plus gros succès (165 millions dollars au box‑office). Il permet aussi à pas mal de monde de comprendre, avec rondeur et sans aspérité (allusions légères à la tentation de la violence des Black Panthers), une portion fondamentale et pourtant mal connue de l’histoire des USA. En termes pédagogiques et financiers, Le majordome est donc une réussite. Mais la grande fresque sur les droits civiques reste à réaliser.

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The Butler
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
11/01/2014
image
BD-50, 133', zone B
1.85
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français, audiodescription pour sourds et malentendants
8
10
image
Une image très détaillée qui rend hommage aux cadrages très soignés de Lee Daniels. Ce luxe de détail n’est jamais pris en défaut, à l’exception des séquences se déroulant dans les années 70, alourdies par des filtres vintage.
7
10
son
Une construction sonore solide en VO profitant d’une excellente spatialisation (lors de l'attaque du bus des Freedom Riders par les membres du Ku Klux Klan par exemple) et de savants effets (le discours de Kennedy filmé devant une TV puis aux côtés du président). La VF pose par contre des problèmes tant du point de vue artistique que technique. Le travail, saisissant, réalisé par Forest Whitaker sur sa voix n’est absolument pas retranscrit en VF. C'est dommage tant la voix étouffée/brisée de Cecil Gaines est importante pour comprendre le personnage. Techniquement, la VF souffre par ailleurs d’un rendu sonore assez uniforme : mal spatialisée, elle sur-sollicite les voix centrales, ne laissant aux autres enceintes que des miettes (grosses lacunes dans les graves pour de nombreuses scènes).
5
10
bonus
- Une histoire de l’Amérique (22')
- Les Freedom Riders, les premiers militants (3')
- Scènes coupées (20')
- Rencontre au Festival de Deauville (6')
- Chanson You and I Ain’t nothin’ no More interprétée par Gladys Knight (2')
- Bêtisier
- Bande-annonce
« Une histoire de l’Amérique » : sous ce titre ronflant, rien de moins (mais rien de plus) qu’un making of bien rythmé du film. Les interventions pleines de bonne humeur d’Oprah Winfrey révèlent la peur de l’animatrice TV de repasser devant la caméra quinze ans après Beloved. Oprah n’hésite pas, par ailleurs, à décrire comment le réalisateur Lee Daniels traquait obsessivement ses moindres minauderies. Chapeau pour la sincérité. À voir également, le sujet où d’authentiques Freedom Riders, militants qui traversaient alors les USA en bus, réagissent à chaud après la projection du film. Un module trop court tant les témoignages de ces vrais acteurs de la lutte pour les droits civiques sont denses et émouvants. Les scènes coupées sont sans intérêt dans la mesure où aucune de ces neuf scènes n’enrichit jamais la moindre séquence du film. Lee Daniels les a coupées. Il avait raison. Il les a mises en bonus. C’est un tort. La remarquable interview de Lee Daniels relève le niveau. Le réalisateur livre des détails personnels éclairants sur l’enjeu que représentait Le majordome pour lui. L’entretien s’achève hélas de manière abrupte alors que le cinéaste abordait sa vision de la présidence Obama. On terminera par le clip de You and I ain’t Nothin’ no More interprété par Gladys Knight. Peut‑être l’unique raison justifiant la présence de Lenny Kravitz, compositeur de la chanson, au générique du Majordome… Enfin, le bêtisier dont quelques séquences valent le déplacement, notamment une mini‑impro absurde de Liev Schreiber (interprète du président Lyndon B. Johnson) gêné par un avion, ou l’irréelle concentration de Forest Whitaker réussissant à ne pas bouger un cil alors qu’un monumental coup de tonnerre interrompt le tournage d’une scène.
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