Le juge Fayard, dit le shériff
Un juge d'instruction Fayard (Dewaere, nominé au César du Meilleur acteur pour ce rôle), réputé pour son intégrité et ses méthodes radicales, enquête sur une affaire de hold‑up. Il est convaincu que l'un des suspects bénéficie du soutien de personnages haut placés. Malgré les pressions et l'absence d'appui de sa hiérarchie, Fayard va mener l'enquête…
Le film d’Yves Boisset s’inspire clairement de l'affaire du Juge François et dénonce la corruption au sein des systèmes judiciaire et politique, en faisant notamment référence au SAC (Service d'action civique), sorte de police parallèle au service du Général de Gaulle et de ses partisans. Au moment de sa sortie en salles, le film a d'ailleurs été censuré et son réalisateur contraint de supprimer toute mention visuelle ou auditive relative à cette organisation.
Témoin atypique d’une époque où le cinéma était engagé et s’opposait aux puissants, Le juge Fayard, dit le shériff reste aussi mémorable pour l’interprétation de Patrick Dewaere qui, aujourd'hui encore, laisse pantois. Quant au récit, il a conservé toute sa force d’évocation et de dénonciation, mettant en exergue un système qui fait peur et peut même renvoyer à des situations récentes.
Ce constat terrifiant, presque trente ans après, rend le film d'autant plus important qu’il n’a rien perdu de sa conviction profonde. Il démontre aussi le courage exemplaire d’un cinéaste, pour que le cinéma engagé ne tombe pas dans l'oubli. Et malheureusement, ce ne sont les sujets qui manquent aux jeunes auteurs d'aujourd'hui.