Le juge
Hank, célèbre et vaniteux avocat en instance de divorce, se rend aux funérailles de sa mère et retrouve sa famille qu’il n’a pas vue depuis vingt ans : son père Joseph, magistrat de province avec qui il est fâché, son frère Glen qui a raté une carrière de grand sportif et leur frère cadet, Dale, homme perturbé qui filme tout ce qu’il voit. Les retrouvailles se déroulent mal, mais Hank est contraint de rester sur place pour tenter d’assurer la défense de son père, soupçonné de meurtre peu après les funérailles.
Une belle facture classique, plusieurs générations d’acteurs de haut niveau et un récit double sur une relation père‑fils conflictuelle qui bloque littéralement la vie d’une famille. Le juge a des arguments forts à faire valoir. Les acteurs ‑sur qui l’ensemble de l’édifice repose‑ font des efforts colossaux et légitimes pour conférer vie, substance et finesse à leur personnage. Les deux premiers violons, Robert Downey Jr. (Hank) et Robert Duvall (le juge), servent notamment avec énergie et conviction plusieurs empoignades assez pétrifiantes. L’équipe est épaulée par des seconds rôles solides, particulièrement Vincent D’Onofrio qui campe le frère Glen et excelle dans le difficile exercice de l’expression d’une douleur muette.
Mais on peine pourtant à s’attacher au film tant ces pointures servent un scénario, des dialogues et des situations de qualité beaucoup trop variables : tantôt subtils et inattendus, tantôt ultra‑prévisibles, parfois déstabilisant, souvent bien‑pensants. Face à ce vaste patchwork non finalisé, l’attention et l’attachement ne cessent d’osciller avant de finalement décrocher lors d’une résolution grandiloquente et lourdement symbolique. Le juge avait presque tout pour devenir un grand film psychologique. C’est ce « presque » qui fait toute la différence.