Le Hobbit : la désolation de Smaug
Partis de la Comté dans le premier volet, Le Hobbit : un voyage inattendu, Bilbon Sacquet (Martin Freeman, le docteur Watson de la série Sherlock) flanqué des treize Nains d’Erebor poursuivent leur périple en direction de la Montagne Solitaire, royaume perdu des Nains dont les entrailles rocheuses sont désormais occupées par le terrible dragon Smaug (« joué » en motion capture et doublé par Benedict Cumberbatch, héros de Sherlock !). L’avare reptile veille, assoupi, sur le gigantesque trésor des Nains que ces derniers vont tenter de récupérer, bravant tous les dangers. Mais la plus puissante des menaces, plus destructrice que les orques et les hordes d’araignées géantes, pourrait bien surgir là où on l’attend le moins…
Après Le seigneur des anneaux, sa monumentale trilogie d’après les romans de Tolkien, Peter Jackson avait visiblement du mal à quitter la Terre du Milieu et ses habitants. L’adaptation, en trois volets, du livre Bilbo le Hobbit allait lui permettre de retrouver cet univers chéri et de proposer aux fans d’heroic fantasy une nouvelle salve de péripéties enchanteresses.
Entamée, donc, avec Le Hobbit : un voyage inattendu, chapitre d’ouverture au ton léger, presque enfantin, qui aura titillé la corde sensible des amateurs d’aventures à l’ancienne et naïves, ce second triptyque glisse vers des forces plus obscures avec le second épisode, film charnière qui laisse augurer un final dantesque.
Car à l’aventure, enlevée et trépidante (géniale séquence de la descente des rapides dans des tonneaux), s’ajoutent des éléments plus sombres, comme l’odyssée parallèle de Gandalf (Ian McKellen), la menace du mystérieux Nécromancien ou encore la prophétie qui pèse sur les habitants de Lacville. Mais surtout, c’est l’ambiguïté croissante de Bilbon et des Nains, progressivement pervertis par le Mal et le désir de pouvoir (l’anneau magique pour le premier, l’or et l’Arkenstone pour les Nains), qui fait de cette Désolation de Smaug un film aux enjeux plus forts, avant l’ultime assaut qui pourrait bien rivaliser avec Le retour du roi en termes d’ampleur.
Alors, Le seigneur des anneaux et Le Hobbit, même combat ? Car en reprenant la même structure et les mêmes atours, Peter Jackson pourrait bien livrer deux trilogies quasi jumelles et, par conséquent, manquer de surprendre ses fans de la première heure. En attendant, ne boudons pas notre plaisir, car des films d’aventure sincères et généreux comme celui-ci ne courent pas les salles. Et malgré ses faiblesses (le développement de certains personnages archétypaux mais sans véritable charismatique, le retour de Legolas, réduit à l’état d’appui scénaristique, l’arrivée de Tauriel, la « touche féminine » incarnée par Evangeline Lilly, pour l’instant trop unidimensionnelle), cette épopée avec trésor aveuglant, dragon titanesque et lutte du Bien contre le Mal grisera avec délice le cinéphile qui se souvient avec émotion de ses premières séances en compagnie d’un certain Indy…