Le guetteur
Le guetteur ‑c’est son côté à la fois sympathique et frustrant‑ contient plusieurs films en un, selon une structure gigogne qui, tous les quarts d’heure, ouvre une nouvelle piste de récit.
Tout commence comme un film de casse, un polar à la Olivier Marchal (Daniel Auteuil dans le rôle du flic melvillien et endurci semble tout droit sorti de MR 73), où l’on suit un commissaire de police, Mattei, traquer un tireur d’élite, un certain Vincent Kaminski (Mathieu Kassovitz). Du côté des complices, une série de trahisons en chaîne se produisent afin de faire main basse sur le butin.
Or, l’un d’entre eux (Olivier Gourmet, qui semble désormais abonné aux rôles d’individus abjects) est un serial‑killer, un tueur de jeunes femmes qu’il séquestre et torture. Et puis, on apprend bientôt que le flic et le tireur ont un passé en commun, lié au fils du premier, militaire dans une unité spéciale de l’armée française.
Signé par l’acteur réalisateur vétéran Michele Placido qui, sur le tard, s’est découvert un talent pour le polar mafieux made in Italy (Romanzo Criminale, L’ange du Mal), Le guetteur est un film généreux, un peu obèse, ponctué de quelques séquences efficaces, mais qui va sans doute trop vite (80' à peine) pour la quantité d’émotions et d’événements par lesquels il veut passer.
Reste que cet effort de « polar à la française », dans la tradition d’un Melville ou d’un Giovanni, fait chaud au cœur. Un dernier bémol cependant : si les seconds couteaux s’avèrent impeccables, Auteuil et Kassovitz sont calamiteux.