Le grand passage
Cela faisait longtemps qu’on attendait de pouvoir voir, ou revoir, ce Grand passage, film d’aventures fou réalisé par King Vidor, l’un des maîtres du cinéma hollywoodien à qui l'on doit, entre autres, La foule, Le rebelle ou encore Duel au soleil.
Réalisé de 1937 à 1939, Le grand passage fut pour Vidor l’une des expériences les plus épuisantes de sa carrière : adapté d’un roman de Kenneth Rogers, le film se déroule en 1759, en Nouvelle‑Angleterre, lorsque Français et Britanniques s’affrontent sur fond de guerres indiennes. Une escouade de Rangers conduite par un chef déterminé, presque fanatique, interprété par Spencer Tracy, décide de mener une expédition punitive dans un village indien. Mais avant d’en arriver là, ces hommes devront vaincre la nature, les rivières déchaînées, le relief accidenté, la faim et aussi la peur.
Premier film en couleurs tourné par la MGM, Le grand passage ne fut pas capté en studio mais en décors naturels, ce qui explique à la fois les difficultés de l’entreprise (épuisement des acteurs, logistique monstre), mais aussi le formidable réalisme du film ‑le passage d’une rivière constituant l’un de multiples morceaux de bravoure du long métrage‑.
L’ironie du sort veut que le « grand passage » promis par le titre n’apparaisse jamais dans le film, puisqu’à cause des dépassements de budget et de son succès relatif lors de sa sortie en salles, la suite, censée décrire le franchissement du passage vers l’Orient, fut annulée.