Le grand bain
Un film qui fait plouf. Gilles Lellouche touche et coule (variante : boit la tasse). Un naufrage. On avait notre chute, péremptoire, évidemment. Le genre de bons mots qui ne fait bien souvent plaisir qu'à son auteur. Et puis on a vu Le grand bain, premier long métrage solo du comédien Gilles Lellouche (Les petits mouchoirs, Le sens de la fête) et sa bande de losers magnifiques : Philippe Katerine, Jean‑Hugues Anglade, Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Félix Moati, Alban Ivanov, Balasingham Thamilchelvan. Une comédie toute en équilibre, tendre et drôle, qui a fédéré plus de 4 millions de spectateurs en salles. Un véritable tsunami.
Si Katerine et Anglade méritent tous les deux le César de Meilleur second rôle, c'est bien la troupe dans son intégralité qui fait mouche, à la fois plombée par un quotidien devenu trop lourd (l'un doit gérer une mère malade et un divorce, l'autre des problèmes d'argent monstrueux, un troisième sa dépression sans fond, un autre encore sa fille récalcitrante et une carrière de rocker qui, de toute évidence, ne démarrera jamais) et portée par un immense élan puisé dans la force du désespoir. C'est la revanche de l'opprimé, du brimé, du laissé pour compte sur la vie, ou l'art de transformer la grosse déprime et les corps mous en catharsis collective.
La grande réussite de Lellouche est certainement de parvenir à saisir l'instant précis où le ridicule s'efface devant l'émotion et même la prouesse sportive, saupoudrant le tout de fines vannes parfaitement dosées. Doux‑amer, drôle, porté par une bande‑son typiquement 80 et un montage ultra‑serré, Le grand bain parvient in fine à trouver son rythme et à nous donner des nageoires. Succès mérité.