Le génie du Mal
Chicago, années 1920. Deux étudiants brillants et de bonne famille, Judd Steiner et Arthur Strauss, décident un jour de commettre un crime gratuit, dans l’unique but de prouver leur supériorité intellectuelle et leur intime compréhension des théories de Nietzsche. Mais un petit oubli sur la scène du crime et voilà la machine qui s’emballe. Les deux hommes se retrouvent derrière les barreaux, défendus par un cador de la profession, l’avocat Jonathan Wilk (Orson Welles).
Inspiré d’un fait divers, Le génie du Mal pourrait, à première vue, n’être qu’une variation autour de La corde d’Hitchcock, mais il constitue surtout l’un des films les plus chimiquement purs de Richard Fleischer.
Ce cinéaste, capable de passer du péplum (Les Vikings) au film d’anticipation (Soleil vert), est revenu régulièrement à son sujet de prédilection, soit le Mal et ses mécanismes. Au sein de cette filmographie abondante, il faut ainsi placer Le génie du Mal aux côtés de L’étrangleur de Boston, L’assassin sans visage ou encore L’étrangleur de Rillington Place.
La modernité de Fleischer tient non seulement dans son goût constant de l’expérimentation (rappelons qu’il est le fils du cartooniste Max Fleischer), mais aussi dans sa volonté d’analyser et de déconstruire de la façon la plus réaliste possible les mécanismes du Mal : comment il se fabrique et se transmet, comment la société l’encourage (la description de l’époque, fascinée par le gangstérisme, est remarquable), comment, au fond, chacun y trouve son compte.
À noter, l’apparition tardive mais spectaculaire de Welles dans le rôle de l’avocat. Une perle à redécouvrir.