Le gang Kelly
Australie, 1870. Ned Kelly (George MacKay, une révélation), jeune hors‑la‑loi, embarque son gang de bushrangers dans une croisade dingue en faveur des laissés‑pour‑compte du gouvernement britannique.
Après un passage à Hollywood avec l’adaptation du jeu vidéo Assassin’s Creed (2016), Justin Kurzel s’attaque à une figure emblématique et ambiguë de son pays natal : Ned Kelly, aussi bien considéré comme un Robin des Bois moderne qu’un redoutable tueur de policiers. Succédant au biopic de Tony Richardson (Ned Kelly, 1970) avec Mick Jagger dans le rôle principal puis Heath Ledger dans la version de Gregor Jordan réalisée en 2003, le film de Justin Kurzel est de loin la réflexion la plus personnelle autour de cette icône populaire et rebelle.
Découpé en trois actes, le récit s’ouvre sur une terre aride et désolée dans laquelle la famille Kelly se démène pour survivre. Confié gamin à Harry Powers (Russell Crowe, formidable), un hors‑la‑loi sur le déclin, Ned se familiarise avec la violence et prend conscience de sa nécessité face à l’oppression de l’Empire britannique. À l’issue de ce brutal rite de passage, le protagoniste épouse définitivement la marge initiée par son mentor. De retour dans le bush une fois adulte, il enclenche un incroyable mouvement de résistance avec une fraternité travestie en bourgeoise à froufrous, puis revêtue d’armures de métal, afin de duper les autorités.
Outre cette lutte féroce et inventive engagée contre l’institution, le cinéaste sonde admirablement la psyché de l’homme derrière la légende. True History of the Kelly Gang, le titre original du film (adapté du roman éponyme de Peter Carey) en dit beaucoup sur le destin tragique de ce héros opprimé qui n’aura cessé de revendiquer le besoin vital d’écrire sa propre histoire.