Le gamin au vélo
Les familiers du cinéma des frères Dardenne retrouveront l’énergie et l’obstination de Rosetta ou des parents de L’enfant, un sentiment constant de survie qui anime leurs personnages, souvent des laissés pour compte ou des malchanceux.
Ici, un gamin de 10 ans refuse de croire ce que des adultes, les éducateurs du foyer dans lequel il a été placé, lui affirment : son père l’aurait abandonné. Cyril, la rage au poing et le corps en perpétuel mouvement, est convaincu du contraire et va tout faire pour se prouver à lui‑même que son père est toujours là, à l’attendre. Même face aux preuves flagrantes (l’appartement qu’il occupait avec lui est vide), Cyril ne baisse pas les bras et veut tordre la réalité à ses convictions.
L’intrigue du film se noue autour d’un vélo, cadeau que le père avait fait à son fils avant de s’en débarrasser, cristallisant tous les espoirs et le désarroi de cet orphelin malgré lui. La caméra colle à la nuque de l’enfant, toujours instable, sur le qui‑vive, prête à suivre ce petit corps têtu et gonflé de tonus. Ici, on pédale, on court après son vélo, on s’enfuit, comme si l’arrêt signifie la mort.
Un film éprouvant mais puissant, porté par un duo d’acteurs éblouissant (Cécile de France et le jeune Thomas Doret). À voir impérativement.