par Carole Lépinay
11 mai 2016 - 12h55

Le fils de Saul

VO
Saul fia
année
2015
Réalisateur
InterprètesGéza Röhrig, Levente Molnar, Urs Rechn, Todd Charmont, Sandor Zsotér, Jerzy Walczak
éditeur
genre
notes
critique
7
10
label
A

Octobre 1944. Prisonnier juif à Auschwitz‑Birkenau, Saul Ausländer (Géza Röhrig) fait parti du Sonderkommando, il est ainsi contraint d’assister les Nazis dans leur entreprise d’extermination. Un jour, il se retrouve face au cadavre d’un jeune garçon qui ressemble à son fils, il va remuer ciel et terre pour lui épargner les flammes du crématorium et lui offrir une sépulture.

C’est caméra embarquée que le premier film multi‑récompensé (Grand Prix au Festival de Cannes, Oscar et Golden Globes du Meilleur film en langue étrangère) du réalisateur hongrois László Nemes (membre du jury cette année à Cannes), suit le quotidien de recrues forcées à assister la barbarie du côté des fours crématoires. Le combat de Saul pour rendre sa dignité au défunt dans un lieu déshumanisé, réévalue le sens de la survie dans cette unité de travail implacable. Dur mais à voir.

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Saul fia
- de 12 ans
Prix : 24,99 €
disponibilité
05/04/2016
image
BD-50, 107', zone B
1.33
HD 1 080p (AVC)
4/3
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français DTS 2.0
Hongrois DTS-HD Master Audio 5.1
Hongrois DTS 2.0
Audiodescription
sous-titres
Français (imposé sur la VO), français pour sourds et malentendants
7
10
image
Une ambiance terreuse, où les couleurs ont été effacées, sans relief mais techniquement remarquable (précision certaine, pas de scènes bouchées). Cette image fait volontairement profile bas et montre bien la volonté du réalisateur de ne pas « esthétiser » son film. Dans ce décor de mort, les hommes passent comme des ombres, via de gros aplats sombres. Déjà fantômes d'eux‑mêmes. À noter, le format d'image 1.33 ressert le champ comme l'horizon de ces prisonniers.
8
10
son
L'espace sonore, très travaillé, apporte autant d'informations que l'image, d'où le travail minutieux consacré aux bruits stridents de métaux, de l'horrible crépitement d'un four que l'on ne verra pas. Notre perception du camp est à moitié auditive, de toute évidence, l'espace sonore couvre des coulisses immontrables. Le bruit sourd quasi permanent se charge de nous oppresser. Entre VO et VF, très peu de différences techniques hormis des graves légèrement plus présents en français. Pas forcément décisif ici.
7
10
bonus
- Commentaire audio de László Nemes et Matthieu Taponier, monteur du film (107')
- Scène coupée (2')
- With a Little Patience (court métrage) (14')
- Bande-annonce (1'32')
Le fils de Saul est un film de visages, c'est ainsi que débute l'indispensable commentaire audio du cinéaste accompagné de son monteur. Le film s'ouvre en effet sur le visage de Saul (flou puis net), dont l'intention guide notre regard. Un contrat tacite s'opère dès le début, on embarque dans son quotidien ingrat de Sonderkommando, dans sa perception du camp de la mort. On identifie sa quête et il ne nous laisse pas d'autre choix que de le suivre dans cette idée fixe, à la fois légitime et démente. Puis advient une interrogation cruciale : comment représenter le crématorium ? Plus précisément, la reconstitution de sa logique implacable. Le tandem réalisateur‑monteur insiste sur l'épuration de la mise en scène, revendique une approche minimaliste, sans esthétisation, un désir de faire un cinéma non‑iconique. Après un passage sur le son du film, très important dans le récit, László Nemes évoque le recueil de témoignages de Sonderkommandos Des voix sous la cendre, ce livre poignant qui a inspiré son film. Une scène coupée apparaît aussi en supplément. Enfin, un court métrage du cinéaste annonce déjà la problématique essentielle de son premier film, à savoir les limites de la représentation et la part d'imaginaire qui s'impose à nous, spectateurs éveillés.
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