Le fils à Jo
Chez les Canavaro, le rugby, c'est sacré. Il y a eu le grand‑père, une véritable légende de l'ovalie, puis son fils Jo (Gérard Lanvin), ancienne gloire respectée rangée des ballons dans le Sud‑Ouest, et Tom, le petit dernier qui, à 13 ans, n'a pas encore développé toutes les capacités que nécessite ce sport exigent. Il est même carrément hermétique aux placages et autres mêlées brutales, qui lui fichent une trouille bleue. Son truc à lui, ce sont les maths. Même Pompon (excellent Vincent Moscato), le copain de toujours de ces deux âmes esseulées, ne parvient pas à rétablir la communication entre ce père qui se terre dans les souvenirs (sa grande époque sur le terrain, sa femme disparue…), et ce fils qui rêve de s'émanciper loin de la pression et de la tradition familiale.
Mais peu à peu, une idée fait son chemin : pour motiver le fiston, pourquoi ne pas rassembler les anciens potes du rugby (dont le Chinois, alias Olivier Marchal) et reformer une équipe de choc ? L'occasion pour les habitants de ce petit village du Tarn de se serrer les coudes et d'appliquer à la lettre les valeurs d'entre‑aide et de convivialité de ce sport de gentlemen gentiment bourrus. Une aventure qui pourrait aussi rapprocher un père et son fils.
Philippe Guillard, ex‑rugbyman et journaliste sportif, nous emmène pour son premier film dans la France d'en‑bas, celle des petites gens qui jouent la débouille pour joindre les deux bouts, se rendent des services, se haïssent puis se serrent dans les bras. Celle où tout est possible avec un peu de bonne volonté et d'amitié. Une vision extrapolée à l'échelle d'un village tout entier de l'univers de rugby, idéalisée, presque conservatrice. Mais aussi une histoire à hauteur d'hommes, mus par une même passion et l'envie d'être ensemble. Simplement. Pourquoi pas ?