Le convoi sauvage/Le fantôme de Cat Dancing
C’est l’un des auteurs les plus méconnus, et pourtant les plus intéressants, du cinéma américain des années 1970. À ce titre, la sortie conjointe de deux films de Richard Sarafian constitue l’un des événements DVD de cet été.
Né en 1930 de parents arméniens, Richard Sarafian signe de nombreux épisodes de séries télévisées avant de réaliser son premier film en 1966, Andy, qui raconte les derniers jours d’un déficient mental de 40 ans avant son départ pour l’asile. Mais Point limite zéro en 1971, road‑movie parfait qui flirte avec l’abstraction, fait de lui un cinéaste culte et inaugure une période courte mais faste au cours de laquelle il réalisera au moins trois films important du cinéma américain des années de l’époque, Le convoi sauvage, Le fantôme de Cat Dancing et Lolly Madonna XXX.
Le plan d’ouverture du Convoi sauvage (le mât d’un bateau qui se déplace au‑dessus d’une forêt, et dont on se rend compte qu’il est posé sur un immense chariot tiré par une trentaine de mules qui progressent difficilement) suffirait presque à faire de ce film un chef‑d’œuvre. Nous sommes en 1820 et Zaccharie Bass (Richard Harris), un trappeur, chasse afin de nourrir le convoi insolite mené par le capitaine Filmore Henry (John Huston, génial), un immense rafiot remplit de peaux qu’il s’agit de conduire au fleuve Missouri avant l’arrivée des grands froids. Mais un jour, Bass s’enfonce dans la forêt et est attaqué par un ours. Gravement blessé et laissé pour mort, Bass est abandonné par Filmore et les siens, qui reprennent la route. Mais le remords a la dent dure et bientôt, Filmore se convainc que Bass est toujours vivant.
Perle rare et grandiose, Le convoi sauvage emprunte la forme du road‑movie, à mi‑chemin de L’homme qui voulu être roi (Bass est recueilli puis soigné par les Indiens) et de Moby Dick (Filmore, version terrestre du capitaine Achab qui guette l’horizon à la recherche du fantôme de Bass).
Réalisé deux ans plus tard, Le fantôme de Cat Dancing a toujours été maudit (une mort et un scandale plombèrent le tournage) : ici, une jeune femme fuit son mari et rencontre une bande de voleurs de train qui la kidnappent. Peu à peu, elle tombe amoureuse de Jay Grobert (Burt Reynolds), le mystérieux chef de bande.
Une deuxième pépite centrée autour d’un personnage typique du cinéma de Sarafian : solitaire hanté par les fantômes du passé, et qui part en quête de sa rédemption. Deux merveilles à ne pas rater, agrémentées ici d'un livre somme de 80 pages signé Philippe Garnier, journaliste et écrivain, et illustré de documents rares.