par Nicolas Bellet
07 juin 2024 - 18h22

Le comte de Monte‑Cristo

année
2024
Réalisateurs
InterprètesPierre Niney, Laurent Lafitte, Anamaria Vartolomei, Anaïs Demoustier
éditeur
genre
sortie salle
28/06/2024
notes
critique
8
10
label
A
© Jérôme Prébois
© Jérôme Prébois
© Jérôme Prébois
© Jérôme Prébois
© 2024 Chapter 2 - Pathé Films - M6 Films - Fargo Films
© 2024 Chapter 2 - Pathé Films - M6 Films - Fargo Films
© Jérôme Prébois
© Jérôme Prébois
© Rémy Grandroques
© Rémy Grandroques
© Jérôme Prébois
© Jérôme Prébois
© Jérôme Prébois
© Jérôme Prébois
© Jérôme Prébois
© Jérôme Prébois
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Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de prison, il parvient à s’évader. Sous l’identité du comte de Monte‑Cristo, il revient pour se venger de ceux qui l'ont trahi.

Le comte est bon

Les deux scénaristes derrière le récent diptyque de Martin Bourboulon consacré aux Trois Mousquetaires (D'Artagnan, Milady), Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière, adaptent cette fois un autre classique d’Alexandre Dumas : Le comte de Monte‑Cristo. Autant le dire tout de suite, les deux hommes n’ont pas raté leur cible. Le film fonctionne plutôt bien et ne trahit en rien l’essence du roman tout en le simplifiant à la truelle.


Cette fois, les deux hommes, qui sont aussi passés derrière la caméra, ont fait appel non plus à François Civil, mais à son grand rival et ami parmi les acteurs de sa génération : Pierre Niney. L’ex‑pensionnaire de la Comédie Française (et cela a son importante dans son jeu et le charisme du héros) imprime de sa marque le personnage le plus romanesque de la littérature française, gommant au passage sa fantaisie, inutile ici.


Bien sûr, les réalisateurs (et auteurs) du Prénom n’ont jamais vraiment brillé par leur patte de réalisateurs. Bien sûr, ils abusent des plans de drones et adorent les musiques redondantes. Bien sûr, ils se complaisent à essayer de faire de « jolis plans », comme le travelling au‑dessus des cellules rythmé par la question glaçante : est‑il vivant ? Bien sûr, il y aurait beaucoup à dire sur cette nouvelle version de Monte‑Cristo. Mais on se prend au jeu et on ne voit pas les 3 heures de film passer, même si pourtant on connaît l’histoire pour l’avoir déjà vue et revue mille fois sur les écrans. On sait qu’il n’y aura que peu de duels ou d’action (d’ailleurs ici très mal filmée) contrairement aux Trois Mousquetaires, mais cette vengeance implacable et cette détermination sont toujours aussi fascinantes. Surtout quand sa mécanique (qui s’enraie un peu, mais chuuuuut) est si bien rendue par le scénario. On ne peut que souligner le travail d’orfèvre. Ils connaissent leur Dumas sur le bout des doigts.

 

Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière sur le tournage © Jérôme Prébois

Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière sur le tournage © Jérôme Prébois


Ni oui, Niney

Outre Pierre Niney qui excelle dans un rôle dont néanmoins il n’a clairement pas l’âge (autant lui demander de jouer Jean Valjean), le casting du film est pour beaucoup dans sa réussite. Bien évidemment, les costumes et les somptueux décors aussi, mais que ce soit Laurent Lafitte, Bastien Bouillon ou Patrick Mille, ils sont tous géniaux. Ils ne cabotinent pas trop (on est loin de la composition de Romain Duris en Aramis) et offrent une épaisseur inespérée à chacun de leur personnage. Tous au diapason de Pierre Nieney, qu’on a rarement vu aussi mature.


Ce n’est pourtant pas sa composition que l’on retiendra. Aussi talentueux soit‑il, il se fait littéralement voler la vedette par Anamaria Vartolomei, dont on regrette qu’elle n’ait pas plus de scènes. Elle crève l’écran et les cœurs dans le rôle d’Haydée.


Anaïs Demoustier n’est pas en reste dans un rôle qui, sur le papier, n’était pas gagné. Elle joue Mercedes, l’ex‑fiancée de Dantès, qui est à vrai dire plutôt un faire‑valoir/point de départ dans cette sublime histoire de vengeance. L’intensité de son jeu offre à son personnage une complexité et par ricochet un romanesque assez incroyable.


À elles seules, les deux actrices aèrent une histoire très dense et une mise en scène assez plate, et c’est tant mieux. Dumas féminisé et quelque peu trahi, mais on s’en réjouit.

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4k
cover
Prix : 24,99 €
disponibilité
06/11/2024
image
1 UHD-99 + 1 BD-50, 177', couleurs
2.35
HD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français Dolby Atmos 7.1
Français Dolby TrueHD 7.1
Français audiodescription
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
9
10
image

Un film épique encore plus beau que la trilogie des Trois Mousquetaires des deux auteurs‑réalisateurs. Les châteaux et intérieurs sont sublimes, les costumes et décors au diapason, on y mélange plusieurs styles, plusieurs époques, le baroque ou le néo‑gothique. On en prend plein les yeux pendant 3 heures, le tout filmé avec panache et une précision d'enfer (le plan sur la robe du cheval blanc de Mercedes restera gravé dans notre mémoire, au poil près !). 

 

Parfois ultra‑lumineuse, parfois presque fantastique (la scène du repas), la photographie signée Nicolas Bolduc, à la fois dense et texturée, n'enlève en rien l'éclat des couleurs : le bleu turquoise de la mer près de la crypte de Monte‑Cristo, le rouge des habits des soldats, ou les bleus profonds du plus bel effet. C'est cossu, taillé pour la 4K, avec un HDR Dolby Vision parfaitement intense sans trop en faire. Carton plein.

9
10
son

Violoncelle, piano, cuivres, violons, clarinettes, flûtes, percussions… Sans la musique de Jérôme Rebotier (90 passages de musique au total) enregistrée au Air Studios par une centaine de musiciens dont des membres du London Symphony Orchestra, le film n'aurait sans doute pas ce rythme et cette ampleur (il faut aussi saluer le travail de la monteuse Célia Lafite‑Dupont), pas cette tonalité entre thriller, aventure, film romantique, d'époque ou même western. On la croirait carrément sortie du roman d'Alexandre Dumas, qualifiée par certains de « mini symphonie à l’américaine ». Inspirée, épique, puissante, ciselée pour la vengeance avec des passages qui se répondent, volontiers obsessionnelle, elle sait aussi parfois intriguer avec des notes inédites venues d'instruments rares comme l'orgue de verre Baschet (dans la cellule du Château d’If).

 

Résolument ample, notamment pendant la découverte du trésor de Monte‑Christo (gros succès du morceau Le trésor, le moment « Indiana Jones » du film), elle sait aussi se faire plus douce, appuyer des détails de la personnalité de certains personnages comme les multiples facettes du Comte. Ou carrément moderne avec des sons électroniques sortant des codes du film en costumes. Une grande réussite qui occupe toute la place dans le film. Dialogues et ambiances sont bien sûr au diapason, agiles et largement diffusés en Dolby Atmos. La scène surround concourre à l'ambiance générale, devant le spectaculaire. Les basses sont en soutien, discrètes mais présentes.

6
10
bonus
- Making of (28')
- Entretiens avec l'équipe (30')

Scènes de tournage depuis le plateau, répétitions, essayages, prothèses, châteaux et belles demeures, passage par un studio en Belgique pour la scène d'ouverture dans l'eau… on découvre à toute allure tout ce qui fait que le film est (très) beau et crédible à l'écran.

 

Un tournage monstre confirmé par les deux réalisateurs dans les entretiens face caméra (second module). 50 camions, des équipes dans tous les sens, comment ne pas se laisser dépasser par l'ampleur du projet, son budget, mais plutôt être dans le moment et filmer grand ? Ils ont souhaité être libres, proposer leur adaptation du roman de 1 400 pages de Dumas. Pierre Niney revient sur ses multiples avatars dans le film et la manière dont il a travaillé pour les incarner. Avec Laurent Lafitte, de la Comédie Française, il pense qu'avoir interprété de grands noms de la littérature sur les planches les a aidé à appréhender ce texte classique parfois lyrique.

 

Deux bonus complémentaires mais qui survolent forcément l'aventure.

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