Le cinquième pouvoir
Inspiré des essais Inside Julian Assange’s War on Secrecy et Inside WikiLeaks, écrits respectivement par deux journalistes du Guardian et Daniel Domscheit‑Berg, Le cinquième pouvoir ne se préoccupe ni de sensibiliser le spectateur au jargon complexe de l’ère numérique, ni de remonter aux origines balbutiantes du site internet WikiLeaks, adepte, dès le début des années 90, de piratages web en tous genres, moyennant des pseudonymes peu explicites tels que « Mendax » ou « Proff ».
En dépit de nos lacunes ou savoirs relatifs, nous voici propulsés dans le réseau arachnéen de WikiLeaks. Animé d'un désir de révolution démocratique, « l’homme libre doit savoir » selon la théorie de son fondateur peroxydé Julian Assange (Benedict Cumberbatch, pas franchement convaincant), d’où l’urgence de l’information choc et transparente. La divulgation régulière de fuites d’ordre géopolitique s’accomplit avec le dévouement aveugle d’un jeune informaticien d’origine allemande, Daniel Domscheit‑Berg (Daniel Brühl), bientôt évincé par son mentor pour cause de mégalomanie paranoïaque.
Car l’exploration de la mécanique WikiLeaks, ainsi que son enrayement à force de controverses, semble moins importer que la personnalité polymorphe de son créateur. Dommage que Bill Condon, réalisateur modéré des derniers Twilight, ne prenne pas davantage de risques face à la matière subversive d’un tel sujet.
Flop intégral lors de sa sortie en salles, fustigé par le cyberactiviste en personne depuis l’ambassade d’Équateur à Londres où il est assigné à résidence, Le cinquième pouvoir n’a pas échappé au principe fondamental de WikiLeaks : son scénario y était accessible peu avant son exploitation en salles.