Le charme discret de la bourgeoisie
Les Thévenot sont conviés à dîner chez les Sénéchal, mais une fois arrivés, Alice (Stéphane Audran), l’épouse du maître de maison (Jean‑Pierre Cassel), leur confie qu’il y a eu un malentendu quant au jour de l’invitation. S’ensuivent d’autres tentatives de dîners, inlassablement destinés à être raccourcis ou manqués…
Succès commercial en 1972, Le charme discret de la bourgeoisie réunit les motifs bunueliens au cœur d’un microcosme bourgeois qui ne manque ni de caractère (chaque situation cocasse ou absurde occasionne les dialogues savoureux de Jean‑Claude Carrière), ni de courage, l’enjeu étant de pouvoir manger enfin tranquillement, tandis que plusieurs phénomènes extérieurs s’acharnent contre cette initiative, pourtant si naturelle.
Après la méprise inaugurale chez les Sénéchal, la petite bande tente de sustenter à l’auberge, manque de pot, le corps du propriétaire est paré pour une cérémonie mortuaire dans une salle attenante. La mort comme horizon envisageable si les Thévenot/Sénéchal ne satisfont pas ce besoin vital ? Par ailleurs, la séquence récurrente dans laquelle ils avancent endimanchés sur une route de campagne ne les oriente‑t‑elle pas finalement vers une fin inexorable provoquée, en toute trivialité, par la faim ?
Comme à l’accoutumée chez Luis Buñuel, le banal confine à l’absurde, au charme discret de l’insolite.