par Nicolas Bellet
28 novembre 2023 - 10h09

L'amour et les forêts

année
2023
Réalisateur
InterprètesVirginie Efira, Melvil Poupaud, Romane Bohringer
éditeur
genre
notes
critique
7
10
A

Quand Blanche rencontre Grégoire, elle pense avoir enfin trouvé l’homme de sa vie. Rapidement, leur histoire se construit et le couple déménage, éloignant Blanche de sa famille, notamment de sa sœur jumelle. Mais peu à peu, elle se rend compte qu’elle se trouve en fait sous l’emprise d’un homme possessif.

L’emprise disséquée
En adaptant le livre éponyme d’Éric Reinhardt (Gallimard, 2014), Valérie Donzelli a choisi de raconter comment l’emprise fait doucement son œuvre au sein d’un couple idéal au regard de tous. Comment, par amour, on en arrive à accepter l’inacceptable. Une démonstration implacable, plus qu’un pamphlet féministe. Mais surtout un très beau portrait de femme : Blanche Renard (incarnée par Virginie Efira) qui tombe comme une oie blanche sous la coupe de Grégoire Lamoureux (Melvil Poupaud), le bien nommé. Le Renard n’étant pas celui qu’on pensait, quoique… L’amour et les forêts, c’est avant tout l’anatomie d’un crime du quotidien, raconté tel un thriller hitchcockien, incarné par deux comédiens à la hauteur de leur sujet. Tous les deux impeccables.


Pour son sixième film, la réalisatrice met de côté ses tics de réalisation et sa folie douce qu’on adore pourtant (Notre Damme, Marguerite et Julien) pour retranscrire toute l’ambiguïté d’une séduction malsaine. Jamais dans la caricature, c’est la mécanique implacable d’une emprise vue au niveau de l’intimité d’un couple qui l’intéresse. Décortiquée et disséquée sans aucun manichéisme facile. C’est à la fois glaçant et fascinant, étouffant aussi à mesure de la progression du film.

L’art qui cache la forêt
Mais L’amour et les forêts n’arrive malheureusement pas totalement à assumer jusqu’au bout son parti pris de thriller. Et le film n’évite pas quelques maladresses. Ainsi, le sort réservé à la sœur jumelle du personnage interprété par Virginie Efira est assez symptomatique. Il n'est pas vraiment exploité, pire, il encombre l’histoire qui, d’ailleurs, semble parfois bien téléphonée, voire ‑et c’est dommage‑ risible.
On pourra également lui reprocher un certain maniérisme dans la réalisation et une construction en flashback qui casse un peu du suspense. Même s'il faut reconnaître que c’est au service de la puissance de la scène finale.


Malgré ses quelques maladresses, L’amour et les forêts reste un film qui aborde un sujet important. Il pourra sans doute avoir valeur d’exemple, ce qui est déjà pas mal. Malheureusement, il n'a pas la puissance d’un film comme Jusqu'à la garde (2018) auquel forcément on pense en le regardant.

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Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
17/10/2023
image
BD-50, 105', zone B
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français DTS-HD Master Audio 2.0
Français Audiodescription
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
5
10
image

Une image très texturée avec grain bien visible qui fait penser à la Nouvelle Vague, à Rohmer en particulier. Jeu de lumières bleues étouffantes, atmosphère naturaliste, surexposition volontaire… les ambiances s'enchaînent sans dissonance. Pas du tout adapté aux écrans 4K les plus perfectionnés mais un parti pris et une esthétique à saluer.

5
10
son

La partition à la fois douce et inquiétante de Gabriel Yared accompagne parfaitement cette analyse clinique de la chute d'un couple miné par la violence. Comme dans un thriller, on est suspendu à l'issue finale mais avec une douceur plus assumée. Les enceintes sont toutefois assez peu sollicitées au final. Un film feutré avant tout.

5
10
bonus
- Entretien avec Valérie Donzelli et Audrey Diwan, co-scénariste (20')
- Entretien avec Valérie Donzelli et Gaëlle Usandivaras, cheffe décoratrice (15')
- Bande-annonce

Réalisés visiblement dans une cuisine en toute simplicité, les deux entretiens montrent les duos en dire davantage sur le travail technique autour du film. D'un côté le travail d'adaptation du roman (et sa forme particulière à transposer à l'écran, avec celui qui parle et celui qui écoute), la partition à deux scénaristes et parfois les désaccords (jamais bien longs). De l'autre, comment une architecture contemporaine à la Hitchcock (La mort aux trousses notamment) et la gestion de l'espace participent à plonger les personnages dans une bulle à la fois confortable et étouffante. Il s'agissait aussi de savoir si le mari tyran aurait « validé » le moindre objet de décoration. Intéressant.

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