La vie moderne
« Au commencement, il y a ces routes ». Dès le début de son documentaire, Raymond Depardon parle d’itinéraires, qui le conduiront dans différents endroits isolés de la France, de petits points de vie excentrés en villages qu’on localiserait à peine sur une carte.
De l'Ardèche à la Haute-Saône, La vie moderne nous convie plus à un tour des destins qu’à un tour de France, ou plutôt, confond les deux : la lumière automnale des Cévennes qui irradie les plans du film et cette succession de visages, saisis frontalement, de paysans âgés, de jeunes couples ou d’enfants un peu perdus.
Caméra en retrait, Depardon interroge ceux qu’ils rencontrent sur leur vie, leurs aspirations, leur quotidien et le temps qui passe. À travers le récit des anciens et parfois, lors de l’enregistrement d’une posture, d’un regard ou d’un simple geste, le passé semble remonter à la surface, les souvenirs deviennent tangibles comme s’ils avaient lieu sous nos yeux, ici et maintenant.
En toute sobriété, Depardon boucle un cycle de documentaires consacré à la vie dans les campagnes (Profils paysans : l’approche en 2001 et Profils paysans : le quotidien en 2005). Son film capte parfaitement la bonhomie et les inquiétudes de ces petites gens, tente de les sonder et surtout, respecte leur silence, ces moments de pause où l’on ignore s’il s’agit de fatigue, de malaise, de bien-être ou d’une certaine paix intérieure. Émouvant.