La vanité
David Miller (Patrick Lapp), ancien architecte cynique atteint d’une maladie incurable, a fait appel à une association destinée à abréger la souffrance des condamnés. Il choisit la chambre vétuste d’un motel qu’il a conçu dans les années 70 avec son épouse défunte, près de Lausanne. Esperanza (Carmen Maura) l’y rejoint afin de l’assister durant ses dernières heures. L’opération nécessitant un témoin, ils sollicitent la présence de Treplev (Ivan Georgiev), le prostitué gay de la chambre mitoyenne. Les heures passent et nombre de péripéties vont retarder le moment fatidique.
À travers cette comédie douce‑amère, Lionel Baier éveille son protagoniste grincheux et désabusé à la vie plutôt que de l’achever avec son appel au suicide assisté. La chambre du motel se transforme aussitôt en un petit théâtre existentiel (voire thérapeutique) dans lequel la pulsion de vie finit par l’emporter sur l’alternative de l’euthanasie (légalement autorisée en Suisse au passage).
Brouillé avec son unique fils et en proie à la solitude, Miller saisit sa dernière chance de renouer avec l’altérité, sans compter qu’Esperanza (Carmen Maura, actrice fétiche de Pedro Almodovar dans les années 80, est magnifique) porte un prénom suffisamment évocateur pour donner envie d’y croire.