La solitude du coureur de fond
Un soir d’hiver, Colin Smith et son acolyte dérobent la caisse d’une boulangerie de Nottingham. Très vite, la police se met à soupçonner les deux jeunes hommes, déjà connus pour leurs petits larcins. Peu après son arrestation, Smith est envoyé en maison de redressement.
Malgré sa désinvolture, il excelle dans les disciplines sportives, surtout en course de fond. Le directeur de l’établissement en fait alors son favori et compte sur ses talents athlétiques pour gagner une compétition de cross-country qui oppose ses élèves à des garçons privilégiés d’une école privée. Colin détient suffisamment de verve pour remporter la victoire, mais ses conceptions contestataires et son refus de la soumission vont tout remettre en question.
Chef de file du Free Cinema anglais, Tony Richardson signe ici une œuvre percutante à travers laquelle le déterminisme social devient le signe inéluctable d’un malaise plus intime. On retrouve également la critique acerbe du système britannique, thème central de la plupart des films du cinéaste, puis cette banlieue morose dans laquelle survit la middle-class, saisie dans son réalisme fait d’argot, de rapports d'intérêts et de rues humides.
Superbe confrontation de temporalités aussi, lors des courses solitaires de Colin dans la brume matinale où, par le biais de flash-back récurrents, le héros se perd dans ses souvenirs de famille, d’amour et d’amitié. Soit l’épreuve de la mémoire alliée à l’endurance physique comme si la réminiscence devait, à son tour, retrouver un second souffle. À voir d’urgence.