La sentinelle des maudits
En 1977, Universal souhaite imiter les studios concurrents qui optent les uns après les autres pour la mouvance des films satanistes. Succédant aux cartons de Rosemary’s Baby (1968) et L’exorciste en 1974, La sentinelle des maudits s’inscrit dans un contexte absolument favorable au genre. Par ailleurs, son décorum urbain (le film a été tourné dans une authentique résidence de Brooklyn) inspire Michael Winner dont c’est la première et ultime œuvre horrifique.
Célèbre top model, Alison Parker (Cristina Raines) emménage dans un charmant appartement de Brooklyn Heights. Elle fait la connaissance de ses voisins au comportement extravagant comme ce vieil homme flanqué d’un chat (Burgess Meredith, tout juste un an après avoir interprété Mickey dans Rocky), ou ce couple de lesbiennes aguicheuses. Mais sa santé mentale, extrêmement fragile, ne serait‑elle pas à l’origine de ces visions ? Pourquoi son petit ami découvre‑t‑il une résidence complètement décatie et abandonnée une fois rendu sur place ?
La réussite du film repose précisément sur cette double lecture déroutante, d’une part les projections intimes d’Alison dans lesquelles déambule un père cadavérique et terrifiant, de l’autre une réserve souterraine d’immondices échappant à l’intelligible et canalisée seulement grâce au regard, plus clairvoyant sur le monde qu’on ne pourrait le croire, d’une sentinelle élue.
Une pépite incontournable à (re)voir d’urgence.