La sainte victoire
Xavier Alvarez (Clovis Cornillac) a grandi dans la banlieue d’Aix‑en‑Provence. Enfant, il ne rêvait que d’une seule chose : devenir un bourgeois. Débrouillard, fort en gueule et opiniâtre, cet architecte sans diplôme a réussi à créer sa propre entreprise, aujourd’hui florissante. Mais pour assouvir sa folie des grandeurs, il lui faut décrocher un marché public. En rencontrant par hasard Vincent Cluzel (Christian Clavier), député de gauche et prétendant à la mairie trop honnête pour réussir à s’imposer, Alvarez voit en lui son salut. Il va le conseiller, le « dépoussiérer », financer sa campagne, épouser sa fille. Et lui faire gagner la manche. Mais attendant en retour un renvoi d’ascenseur que le nouveau maire n’avait pas envisagé, Alvarez perd pied…
François Favrat (Le rôle de sa vie) livre avec La sainte victoire son second long métrage, variation sur le thème de l’ambition. Reposant sur un canevas non sans rappeler l’affaire Botton, le réalisateur et scénariste s’intéresse au milieu politique et aux autres microcosmes périphériques (les médias, les entrepreneurs, la justice, la famille…). Ou comment la spirale infernale du pouvoir emporte tout sur son passage.
Si les scènes d’exposition malhabiles (le personnage de Cornillac jeune) et le côté comédie pouvaient laisser présager le pire (Alvarez confondant les niches parlementaires et celles des chiens…), La sainte victoire s’équilibre dans sa deuxième moitié, plus sérieuse et dramatique. Malgré une mise en scène parfois maladroite (les zooms, désuets), François Favrat soigne ses intrigues et ses personnages secondaires (mention spéciale à Sami Bouajila et Valérie Benguigui). On cerne alors un peu mieux les mécanismes des abus de biens sociaux, des trafics d’influence et la frontière ténue entre le Bien et le Mal.
Enrôlement des sportifs pour bichonner l’image médiatique d’un politicien, abandon de certains de ses idéaux au profit du « moins pire », influence des lobbies, conflits d’intérêt… Le metteur en scène soulève des questions sans juger, préférant montrer la difficulté de conserver son intégrité, pointant du doigt les dangers de la culture bling-bling, mais aussi les risques que cause l’exclusion d’une certaine partie de la population, tenue à l'écart des centres-villes et de la réussite sociale.