par Jean-Baptiste Thoret
19 novembre 2015 - 13h00

La rage au ventre

VO
Southpaw
année
2015
Réalisateur
InterprètesJake Gyllenhaal, Rachel McAdams, Forest Whitaker, Curtis 50 Cent Jackson, Naomie Harris
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

On imagine Antoine Fuqua, artisan efficace de Hollywood et déjà auteur d’un film de boxe honorable (Training Day), s’activer les méninges avec son scénariste et ses producteurs, à la recherche d’une manière originale de s’emparer de l’un des genres les plus productifs du cinéma américain.

Comment faire, sinon du neuf, en tout cas du différent, après Nous avons gagné ce soir, Fat City, Rocky, Raging Bull, Le champion, Fighter ou encore Ali ? Comment réinventer la façon de filmer les combats de boxe ? Quelle autre trajectoire du récit que celle, classique et ultra‑balisée, de la chute d’une étoile du ring et de sa rédemption ? Peut‑on imaginer une autre fin que celle, par exemple, de tous les Rocky, qui s’achèvent par les poings levés du héros, sa gueule en vrac et l’adversaire au sol, vaincu par KO au prix d’un duel homérique ? Mais tout ceci est un rêve de cinéphile un peu idéaliste qui aimerait croire que chaque film a une bonne raison d’être et d’exister après d’autres.

Visiblement, Fuqua et sa bande, comme si rien n’avait eu lieu avant eux, sont partis bille en tête avec un scénario cousu de fil blanc signé du producteur des séries The Shield et Sons of Anarchy. Convaincu, à tort, que la seule présence de Jake Gyllenhaal, devenu l’un des acteurs les plus transformistes du moment aux côtés de Christian Bale, suffirait à déplacer le film vers des chemins inédits, Fuqua a fait un film presque pour rien, interminable resucée d’un genre qui, malheureusement pour lui, est jalonné de grands films.

La rage au ventre nous raconte donc ce que tous ses prédécesseurs nous ont déjà raconté : un champion invaincu dégringole de son piédestal sportif, social et familial, le jour où sa femme est accidentellement tuée lors d’un bal de charité. Billy Hope le bien nommé (Gyllenhaal, version massive et bodybuildée) commence sa descente aux enfers (faillite financière, fifille confiée à des services sociaux, retour dans les bas‑fonds de New York) et repart s’entraîner dans un petit club de quartier afin de retâter de la vraie vie, entre chiffons sales et sueur de gamins pauvres. Là, un mentor aguerri (Forest Whitaker) le remet sur le droit chemin, l’aide à chasser ses démons, le sermonne et le discipline façon Eastwood dans Million Dollar Baby. Sinon, 50 Cents dans le rôle d’un agent cynique et Naomie Harris, dans celui d’une assistance sociale, traversent le film en fantômes, consignés à la place de simples spectateurs d’une success story qui avance sans eux.

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Southpaw
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
25/11/2015
image
BD-50, 124', zone B
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français
10
10
image
Un brin pachydermique dans son montage et ses prises de vues (Gyllenhaal dit d'ailleurs de Fuqua qu'il tourne comme il boxe), le film est en revanche d'une efficacité rare dans son rendu à l'écran. Qui plus est en HD. La patte du réalisateur de Training Day se fait immédiatement sentir. C'est dense en noir, hyper‑contrasté, précis comme jamais, toujours en mouvement et très crédible lors des combats. Ça claque. Vrai savoir‑faire côté lumières et utilisation des optiques. Pas de faute de goût. Note maximale méritée.
8
10
son
Mixage identique en VO ou VF, mais bien plus de charme et d'authenticité en anglais. La bande‑son n'en fait pas trop, privilégie le réalisme, travaille le son avec précision sur les enceintes arrière, met les combats joliment en valeur et sait insuffler un peu de musique au bon moment. Carré, pro, juste un peu timide en basses. La stéréo n'est pas vraiment conseillée sur ce film, bien que correcte.
5
10
bonus
- Scènes coupées (21')
- Making of « Sur le ring » (22')
- Interview de Jake Gyllenhaal (8')
- Entretien avec le casting (19')
- Entraînement de Antoine Fuqua et Jake Gyllenhaal (4')
M6 Vidéo garnit au mieux son édition et nous offre quelques instants supplémentaires (très promo malheureusement) en compagnie de Jake Gyllenhaal. Le making of ne sort pas non plus des habituels clous du marketing élaboré par les studios autour du film. Reste l'entretien avec une partie du casting filmé en public et quelques images de l'entraînement de Jake Gyllenhaal en compagnie d'Antoine Fuqua, qui boxe lui‑même tous les jours et cela se voit. Au passage, on notera la réelle performance de Jake Gyllenhaal, complètement novice en la matière avant ces cinq mois de formation intensive. Bluffant.
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