La poursuite implacable
Pour multiplier ses chances de retrouver sa femme kidnappée, Cipriani (Oliver Reed), directeur de la prison de Milan, décide de libérer Milo Ruiz (Fabio Testi), un voyou informé sur les ravisseurs. L’homme de loi ne tarde pas à réaliser que l’ancien prisonnier et lui‑même ne sont que des pions jetés dans l’arène d’un complot politico industriel inextricable.
En imaginant un thriller noir caractéristique du poliziottesco des années 70, Sergio Sollima entend prolonger la dynamique antagoniste de ses westerns réalisés entre 1966 et 1968. Effectivement, Colorado, Le dernier face à face et Saludos, hombre s’imposent comme une remarquable trilogie lyrique dans laquelle le duo (Tomas Milian versus Gian Maria Volontè ou encore Lee Van Cleef) amène inexorablement au duel.
Dans La poursuite implacable, tout semble opposer le directeur de prison bourgeois à la petite frappe dont dépend la vie de sa femme. Mais dès lors qu’il décide de mener sa propre enquête et d’embarquer Milo dans une fuite à haut risque jusqu’à Paris, Cipriani change radicalement de clan et bascule à son tour dans l’illégalité. Sollima pulvérise l’étiquette sociale. Avec une sensibilité rageuse, il introduit une cohésion (voire de l’amitié, la chanson du film Un ami n’est pas fortuite) là où on ne l’attend pas. Outre des séquences magistrales de course‑poursuite (tournées dans les Alpes et dans les rues de Paris), ce polar urbain sensationnel envisage l’action (qu’elle soit collective ‑la bande de jeunes marginaux qui vient en aide aux fugitifs‑ ou individuelle) comme rempart aux institutions corrompues, encore que, à la suite d’un dilemme poignant engendré par elles, Cipriani ne soit contraint au renoncement.
De nouveau sublimé par la partition d’Ennio Morricone, ce néo‑polar compte parmi les plus remarquables de la période.