La porte du Diable
C’est historiquement ‑nous sommes en 1950‑ l’un des premiers westerns produits par Hollywood à s’intéresser non seulement au sort des Indiens natifs, mais plus encore, à adopter le point de vue de l’un d’entre eux. Ou presque, puisque Robert Taylor incarne ici Lance Poole, un Indien de la tribu des Shoshones qui, après trois années passées à servir l’armée de l’Union durant la guerre de Sécession, rentre dans sa petite ville du Wyoming. Lance croit profondément à la parole des Blancs, à la coexistence pacifique de son peuple, qui occupe un territoire proche de la ville, et des Colons.
Mais un jour, un avocat véreux profite d’un nouveau texte de loi voté par le Congrès, pour tenter d’exproprier Lance et les siens de leurs terres. Très vite, celui‑ci va réaliser combien son rêve de paix n’était qu’une pure illusion qui va se briser sur le racisme latent des Blancs et leurs mesquineries.
Réalisé par Anthony Mann (L’appât, Winchester 73, L’homme de l’Ouest), cette formidable Porte du Diable eut malheureusement un succès mitigé, notamment à cause de l’autre western pro‑Indien du moment, La flèche brisée de Delmer Daves, qui lui fit de l’ombre.
Pourtant, le film de Mann, flanqué d’une magnifique photographie en noir et blanc, est le plus réussi des deux : moins naïf que le film de Daves, moins optimiste aussi, il file droit et sûrement sans jamais perdre de vue son thème principal : la culpabilité de l’Amérique vis‑à‑vis de la nation indienne, ses fautes et ses massacres. Un chef‑d’œuvre du genre à redécouvrir d’urgence.