La passion du Christ
2004-2015 : de quoi revoir ce brûlot intégriste avec sérénité. L’histoire des douze dernières heures de la vie de Jésus, depuis son arrestation sur le Mont des Oliviers, où il s’était retiré après avoir partagé avec ses apôtres le dernier repas, jusqu’à sa crucifixion sur le Mont Golgotha.
Ce qui frappe au premier abord, c’est bien sûr le parti pris esthétique de Gibson, qui a décidé de représenter le plus littéralement possible la passion du Christ, autrement dit sa souffrance. Effets gore, omniprésence du sang, lacérations, torture, rien ne nous est épargné du calvaire subi par Jésus qui, à l’occasion, ressemble à ces héros suppliciés du western italien, Django et consorts (sans doute la vraie référence du film de Gibson).
Dans le rôle des tortionnaires, des Romains vociférants, et dans celui des pleureurs, Marie‑Madeleine (Monica Bellucci) et la propre mère du Christ (Maia Morgenstern). À l’époque de la sortie, Tarak Ben Ammar, le distributeur français du film, s’expliquait : « Certes, le spectacle de cette souffrance peut avoir un effet violent, mais ce film a le mérite de transformer la fascination que la violence exerce sur les foules en horreur de la violence. Il rend la violence odieuse. Je pense sincèrement que l’intérêt de ce film est de montrer jusqu’où la violence est haïssable, de réveiller la pitié des hommes pour leurs semblables, sans considération de race ni de religion, à travers le supplice d’un homme hors du commun, Jésus ».
Le problème de La passion du Christ, c’est qu’indépendamment de sa position religieuse ou morale (chacun fera son choix), il ne présente guère d’intérêt sur le strict plan cinématographique. Extraordinairement répétitif, flanqués d’effets dignes des films de Roland Emmerich (la larme de Dieu qui s’effondre sur le sol en provoquant une déflagration sonore digne d’un Boeing 747) et d’une mise en scène peu inspirée, à la revoyure, La passion du Christ déçoit toujours.