La part des anges
Pour ceux que le cinéma socio‑démago de Ken Loach intéresse encore, La part des anges, présenté en sélection officielle au dernier Festival de Cannes, devrait remplir le cahier des charges attendu.
Le pape du naturalisme social façon british signe une comédie divertissante et plutôt inoffensive, qui se moque des méchants et roule pour les gentils. Comme toujours chez Loach, le monde se divise en deux catégories, les oppresseurs et les victimes, et rien entre les deux.
Les premiers sont vils, pingres et rabat‑joie, tandis que les seconds (les prolos, les gens du peuple, voire les pauvres), sont émouvants, chaleureux et complexes. Si on accepte ce réalisme de conte de fées (ou de match de foot), on suivra avec bonhomie cette histoire opposant une bande de petits délinquants, mi‑pieds nickelés, mi‑cas sociaux, aux huiles du milieu de l’alcool et des grands whiskys. Le passage de l’un à l’autre s’effectue par Robbie, un père de famille ordinaire qui, un jour, réalise qu’il possède un « nez » et décide de monter, avec ses collègues « pigeons », une arnaque au whisky.
Loach tente ici de retrouver un certain état d’esprit de la comédie italienne des années 50 et 60 (Le pigeon bien sûr, mais aussi Pauvres mais beaux ou encore Affreux, sales et méchants) et soulage la bonne conscience de son public plutôt bourgeois et citadin, en lui offrant le spectacle consensuel d’un monde ouvrier qui, sans gagner la guerre, remporte tout de même la bataille.