La nouvelle vie de Paul Sneijder
Paul Sneijder vient de perdre sa fille aînée dans un improbable accident d’ascenseur dont lui‑même est miraculeusement sorti indemne. Mais le souvenir de la fatidique journée le hante et son quotidien de cadre supérieur ne lui convient plus. Il se décide à changer de voie et peut‑être aussi de vie en devenant promeneur de chiens.
Un récit délicat qui mise tout ou presque sur le talent de Thierry Lhermitte, contraint d’incarner un homme luttant de front contre l’association meurtrière d’un chagrin atroce et d’un profond mal‑être personnel. Bonne pioche : le comédien trouve sans doute ici l'un de ses plus beaux rôles. Un personnage taiseux dont les intenses séismes intérieurs ne sont la plupart du temps retranscrits qu’à travers des regards ou d’infimes expressions, épaulés par une piste musicale saisissante.
Thomas Vincent, le réalisateur, livre un récit délicat entre drame et jubilatoires moments de comédie et d’absurde. Cette odyssée intérieure de Paul Sneijder pour conquérir le courage de vivre sa vie transporte littéralement le spectateur, notamment au gré de rencontres avec quelques personnages secondaires hyper‑attachants. Un grand bravo à Pierre Curzi qui campe un surprenant avocat épris d’éthique, ou encore à Guillaume Cyr, touchant spécialiste des chiens secrètement amoureux des nombres premiers.
Avec tant de sensibilité dans sa mise en scène et son scénario, Thomas Vincent rate paradoxalement le personnage d’Anna, la femme de Paul Sneijder, campée par Géraldine Pailhas. La talentueuse comédienne n’est pour rien à l’affaire. Son personnage caricatural, force d’immobilisme et de convention contre laquelle lutte le héros, entache d’incrédulité de la quasi‑totalité des scènes où il intervient. C’est néanmoins l’unique faux pas commis par Thomas Vincent qui livre, avec La nouvelle vie de Paul Sneijder, un film ambitieux, atypique et fascinant jusqu’à son ultime seconde.