La nouvelle guerre des boutons
Après le visionnage des deux nouvelles versions de La guerre des boutons, on se demande bien pourquoi Yann Samuell et Christophe Barratier ont choisi de « remaker » le petit classique d’Yves Robert (1961). Mais l'arrivée du roman de Louis Pergaud dans le domaine public explique sans doute cette fièvre boutonnesque qui a recouvert l’année 2011.
Dans la version de Barratier (Les choristes), l’action se situe en mars 1944. Tandis que la Seconde Guerre mondiale ravage l’Europe et divise sa population, une guéguerre enfantine oppose les gamins de deux villages voisins, Longeverne et Velrans. Guillaume Canet interprète un instituteur résistant, Kad Merad un résistant caché à la manière du Père tranquille, Laetitia Casta une jeune femme ectoplasmique et Jugnot, une caricature de Français moyen.
Gros problème du cinéma populaire français : son incapacité à regarder l’Histoire en face (ici, on a le sentiment que tous les Français étaient résistants), à échapper aux clichés et aux bons sentiments, enfin, à sortir d’une morale et d’une esthétique pudibondes qui ferait passer l’original de Robert avec ses « quéquettes à l’air » pour un brûlot subversif ! Un film rétrograde qui sent le formol.