À la merveille
Drôle de parcours que celui de Terence Malick, cinéaste rare pendant trente ans (trois films de 1974 à 1989), devenu plus présent à partir du Nouveau Monde en 2006 et qui, depuis The Tree of Life, semble enchaîner les films.
Le cas Malick pourrait se résumer à un théorème : chaque film est un peu moins bon que le précédent, un peu plus mystique (voire bigot), un peu plus pompeux, mais conservait jusque‑là son pouvoir d’attraction grâce à des sujets ou des ancrages historiques forts : la découverte de l’Amérique, la Famille, la guerre du Pacifique, etc.
À la merveille confirme tout cela mais, privé d’un arrière‑plan puissant, le film ressemble à une machine qui tourne à vide. Toute l’esthétique de Malick est là, cette manière aquatique de déplacer sa caméra, son rapport cosmogonique au monde, cette voix off qui vise l’intériorité des individus, mais au service d’un récit presque indigent et d’un acteur, Ben Affleck, qui même filmé de dos, possède le charisme d’un gastéropode.
De quoi s’agit-il ? D’une histoire d’amour, entre Neil et Tatiana (Olga Kurylenko, ex‑James Bond Girl), et du rapport qu’ils entretiennent avec la petite fille de cette dernière, issue d’une précédente relation. Le film débute à Paris, dans le bonheur irréel d’un amour naissant, et se poursuit dans les plaines de l’Oklahoma, lorsque le doute s’installe.
En dépit de quelques moments de grâce, le film ressemble à un gigantesque clip publicitaire, d’une grande élégance formelle et d’un mysticisme qui fait sourire. Et si Malick avait besoin de vacances et d’un peu de recul ?