La maison assassinée
28 septembre 1896, Alpes de Haute‑Provence. La maison des Monge est tachée de sang. Cette nuit, tous les membres de la famille ont été sauvagement assassinés. Tous, sauf un bébé, Séraphin. Vingt ans plus tard, l’orphelin, rescapé de la Grande guerre, revient sur ses terres. Au village, il est le pestiféré. On dit de lui qu’il porte la mort. Mais un homme lui apprend ce qui est vraiment arrivé à ses parents, cette nuit‑là. De rage, il entreprend alors de détruire la maison familiale, son seul héritage, et de découvrir les vrais coupables…
Parangon de la comédie, célèbre pour avoir signé Les tontons flingueurs, Les barbouzes ou encore Flic ou voyou, Georges Lautner possédait aussi un réel talent pour la mise en scène d’histoires plus sombres. La maison assassinée, adaptation d’un roman de Pierre Magnan, en est l’un des exemples les plus célèbres. Histoire de vengeance et de secrets bien gardés au pays de Pagnol, ce film oscille constamment entre plusieurs genres, passant de la tragédie au film noir, en flirtant même avec le fantastique gothique (à ce titre, la séquence dans le moulin rappelle parfois Le moulin des supplices).
Malgré une mise en scène un peu trop sobre, Georges Lautner parvient à instaurer un climat anxiogène dans cette bourgade provençale, montrant toute l’âpreté de la vie rurale. Surtout, il n’oublie pas de faire de la maison, vestige luttant contre le mistral et narguant les habitants, un personnage à part entière, qui livrera ses secrets avec sa destruction. Le jeu des comédiens s’avère toutefois assez inégal, mais certaines prestations valent le détour, notamment celle de Patrick Bruel dans la peau de Séraphin, et de Yann Collette dans le rôle d’un fils de bourgeois défiguré.
Une œuvre à voir, quelque part entre le fantastique rural et pastoral de La mare au Diable et la rudesse terrienne des Hauts de Hurlevent.