par Jean-Baptiste Thoret
26 mars 2019 - 09h45

La liste de Schindler

VO
Schindler's List
année
1993
Réalisateur
InterprètesLiam Neeson, Ben Kingsley, Ralph Fiennes, Caroline Goodall, Embeth Davidtz
éditeur
genre
notes
critique
7
10
label
A

En 1993, Spielberg, le « Wonderboy de Hollywood », change radicalement de cap (il vient de signer Jurassic Park) et entend prouver à ses pairs et au public qu’il est capable de traiter un sujet sérieux et populaire.

La liste de Schindler marque ainsi un tournant dans sa carrière. Oskar Schindler (Liam Neeson), industriel allemand et membre du parti nazi, s’installe en Pologne afin de faire prospérer ses affaires et surtout de profiter d’une main‑d’œuvre bon marché. Rapidement, il prend conscience des horreurs nazies et décide de protéger le plus de prisonniers possible… Ils seront ainsi 1 200 à échapper à l’Holocauste.

S'il n'affronte pas pleinement la question de la représentation (comment montrer la Shoah ?), s'il cède parfois à une logique spectaculaire (une petite fille en rouge dans un film en N&B, la séquence des « fausses » douches vilipendée à l'époque par Godard), le film s'inscrit dans la grande tradition du film populaire et engagé américain.

Une réussite qui aura en plus eu le mérite d'éveiller les plus jeunes générations à l'histoire du génocide. En ces temps troublés, cette sortie 4K Ultra HD n'est pas du superflu, d'autant que ce master N&B est de toute beauté, doublé d'un large volet pédagogique en bonus.

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4k
blu-ray
cover
Schindler's List
Tous publics
Prix : 29,99 €
disponibilité
20/03/2019
image
1 UHD99 + 2 BD-50, 195', toutes zones
1.85
UHD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS 5.1
Anglais Dolby Atmos
Anglais Dolby TrueHD 7.1
Portugais DTS 5.1
Tchèque DTS 5.1
Espagnol DTS 5.1
Russe DTS 5.1
Polonais DTS 5.1
sous-titres
Français, anglais, portugais, tchèque, danois, allemand, finnois, grec, espagnol, norvégien, polonais, russe, suédois
10
10
image

Le DVD était déjà sublime, le Blu‑Ray doublait la mise… Ce 4K Ultra HD laisse coi devant tant de maîtrise et de profondeur. On se répète presque à chaque avancée technique mais c'est bel et bien le cas cette fois encore, jamais le N&B n'a été aussi nuancé, brillant, dynamique, texturé, précis et surtout hyper‑contrasté (on frôle parfois la limite sans atteindre le point critique de la lisibilité contrariée). Les séquences intérieures sont les plus solides et impressionnantes visuellement parlant. D'autres, à l'extérieur, se montrent parfois plus douces, les cas restent rares.

Au final, la 4K UHD et le HDR Dolby Vision font magnifiquement leur œuvre, notamment sur les noirs qui gagnent carrément en luminosité et les blancs en brillance tout en se voyant dénués de leur très léger voile gris d'autrefois. La photographie du film signée Janusz Kaminski (et ses éclairages très travaillés sur les gros plans notamment) est sublimée sans trop en faire (de nouveaux reflets apportent de la brillance et du relief en plus), le but n'étant pas de livrer une démonstration de force un peu déplacée qui aurait pu brouiller le message avec trop d'artifices techniques, mais plutôt de mettre en œuvre un dispositif technique au service d'une mise en scène au cordeau, de la minutie du cadrage de Spielberg et de son tournage pelliculé. Le réalisme et l'intensité de certaines scènes sont encore plus éprouvantes.

 

Un N&B exemplaire réalisé à partir des négatifs originaux 35 mm, remasterisés et restaurés, proposé via un tout nouveau Digitial Intermediate 4K approuvé par Steven Spielberg lui‑même. 

8
10
son

On le sait, le spectacle sonore ne donne pas dans la surenchère acoustique mais permet à la bande originale composée par John Williams d'être mise en valeur avec tact et délicatesse sur la VO Dolby Atmos. Tout comme les bruitages et les ambiances, d'emblée très appuyés dès les premières scènes du film avec le sifflement du train en gare de Cracovie. Au final, on redécouvre bon nombre d'éléments sonores qui avaient disparu de notre mémoire, notament sur la séquence de la liquidation du ghetto. Une enveloppe sonore qui apporte de la force et un surcroît d'émotion au récit. 

 

Au‑delà de ses doublages un peu trop plaqués et peu naturels, la VF s'efface tant elle sert moins le propos du film et son rendu brouillon en comparaison sonne comme une évidence. 

10
10
bonus
- La liste de Schindler : 25 ans plus tard (nouveau) (40')
- Les voix de la Liste : documentaires relatant la vision personnelle des témoins de l'Holocauste, illustré d’images d’archive (77')
- L’histoire de la Fondation Shoah par Steven Spielberg : reportage sur la fondation qui a enregistré et archivé les déclarations des survivants et témoins de l'Holocauste (5')
- Les témoignages parlent d’eux-mêmes ; plus forts que la haine (nouveau) (4')
- À propos d'IWitness : plateforme éducative sur le web à destination des étudiants du monde entier (4')
- Blu-Ray du film et Blu-Ray bonus

Les deux documents de 77' et 5' étaient déjà visibles sur les précédents Blu‑Ray et DVD sortis respectivement en 2013 et 2004 chez Universal. Une redite qui n'enlève rien à leur fort pouvoir émotionnel et didactique.

Les témoignages des survivants sont toujours aussi émouvants, poignants, déstabilisants. Certains évoquent leur départ du ghetto de Varsovie, d'autres la construction de la fausse usine de munitions sur les ordres de Schindler, d'autres encore leur nouveau départ aux États‑Unis au sortir de la guerre, enfin, le destin d'Oskar Schindler en Argentine, où il ne connaîtra pas vraiment la prospérité (« Il a tout donné pendant la guerre », lâche, émue, une survivante). Autre phrase à retenir : « C'est arrivé dans un pays évolué, à fort développement culturel et industriel. Cela pourrait se reproduire. Partout ».

Quant aux focus sur la Fondation Shoah et le projet IWitness, ils en disent un peu plus sur le travail effectué par Spielberg autour du devoir de mémoire et la sensibilisation des plus jeunes à travers le monde (52 pays, 32 langues).

 

Mais la grande nouveauté de ces bonus, ce sont les retrouvailles d'une partie de l'équipe avec Steven Spielberg, Liam Neeson, Ben Kingsley et Caroline Goodall l'année dernière, sur la scène du Beacon Theater du Festival de Tribeca à New York. Une réunion drôle et émouvante où chacun se remémore ses premiers pas sur le plateau de tournage à Auschwitz, comme Liam Neeson qui avait les jambes en coton pour sa toute première scène. Au centre des convives, Steven Spielberg confesse revoir le film en entier et avec le son pour la première fois en 25 ans depuis les avant‑premières du film en Pologne et en Autriche. Un peu plus loin, il avoue avec un peu de tristesse ne plus jamais avoir éprouvé un tel sentiment de fierté et d'accomplissement depuis ce film.

 

Plus léger (tout est relatif), Ben Kingsley se souvient qu'en plein tournage de La liste de Schindler, Spielberg devait valider les effets spéciaux d'ILM sur les dinosaures de Jurassic Park, un grand écart qui faisait bien rire l'équipe à l'époque, d'un côté les T‑rex, de l'autre le ghetto… Spielberg se faisait quant à lui livrer depuis les USA des cassettes Betamax des plus grands shows comiques US pour « alléger » ses soirées.

 

Entrecoupées d'images des coulisses du tournage, ces retrouvailles nous rappellent aussi que tout a commencé à Berverly Hills, quand le romancier Thomas Keneally entra dans une boutique de Rodeo Drive. Quand le commerçant juif lui demanda ce qu'il faisait comme métier, le romancier répondit : « J'écris des livres ». Le commerçant répondit : « Alors j'ai une histoire pour vous ».

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