La jument verte
Adapté du roman éponyme de Marcel Aymé, La jument verte fut réalisé en 1959 par Claude Autant‑Lara, réalisateur prolifique du cinéma français des années 50 et 60, à qui l’on doit notamment En cas de malheur, L’auberge rouge ou la fameuse Traversée de Paris. Un cinéma à la fois classique et académique, familial et petit‑bourgeois, que Truffaut qualifia en 1954 de « cinéma de papa » dans un fameux article fustigeant la « qualité française », avant que les jeunes Turcs des Cahiers du cinéma (nouvelle génération de critiques, ainsi surnommée en raison de sa véhémence) ne tournent leurs premiers films en 1959, l’année de La Jument verte !
À Claquebue, deux clans familiaux, les Maloret et les Haudouin, s’affrontent, surtout depuis que le pater familias des Haudouin a reçu une jument verte, un canasson magnifique que jalouse le clan adverse. Mais lorsque la guerre de 1870 éclate, les Maloret tiennent leur vengeance : ils indiquent aux Prussiens le chemin de la maison de leur voisin.
D’un roman plutôt tragique (un gamin qui assiste au viol de sa mère), Autant‑Lara et ses deux scénaristes, Aurenche et Bost, ont tiré un film ironique, souvent grossier et complaisant, qui tourne en ridicule les bassesses humaines et se contente de regarder dans le trou de la serrure ou sous les jupes des demoiselles.
Au regard de ce film, on comprend pourquoi Truffaut, Godard, Rivette et les autres eurent, à l’époque, envie de prendre l’air. Notons enfin que c’est, après La traversée de Paris et Garou‑Garou, le passe‑muraille, la troisième fois que Bourvil, qui campe ici le personnage d’Honoré Haudouin, croise la route de Marcel Aymé.