La haine
Trois copains d'une banlieue ordinaire traînent leur ennui et leur jeunesse qui se perd. Ils vont vivre la journée la plus importante de leur vie après une nuit d'émeutes provoquée par le passage à tabac d'Abdel Ichah par un inspecteur de police lors d'un interrogatoire.
En relatant vingt‑quatre heures de la vie de trois jeunes de la banlieue aux prises avec la police, La haine touche la société française là où ça fait mal. Violence, racisme, pauvreté, toxicomanie, abus policiers, autant de thèmes passés au crible par la caméra du jeune Kassowitz, qui installe le spectateur dans un malaise permanent et une urgence absolue (par rapport à son modèle Do the Right Thing de Spike Lee, le rythme est ici est bien plus intense). Avec un style qui fait mouche caméra à l'épaule ‑jamais trop esthétisant‑ et une certaine brutalité, Kassowitz ouvre les yeux des spectateurs sur une réalité qu’ils côtoient quotidiennement sans jamais y prêter attention.
Un pamphlet cru et dur sur la déliquescence des banlieues françaises et sur la haine qui les gangrène. Un thème malheureusement toujours d'actualité. Le N&B accroît l’effet de malaise et donne du relief aux décors a priori peu cinématographiques. Les acteurs, qui ne semblent plus être des comédiens, sont formidables (on ne peut s'empêcher de penser dans un autre registre au trio de la série de Frank Gastambide Validé, qui verra en saison 2 apparaître un certain Saïd Taghmaoui…).
Reconnu à travers le monde pour la virtuosité de sa mise en scène, La haine a durablement bouleversé le cinéma contemporain. Les années défilent et le film de Mathieu Kassovitz garde tout de son audace et de son urgence. Une icône indépassable.