La grande nuit
Lors de son seizième anniversaire, George La Main (John Drew Barrymore) assiste impuissant à la violente correction qu’inflige le redouté Al Judge (Howard St. John), un magnat de la presse, à son père Andy La Main (Preston Foster). Révolté par ce règlement de compte qu’il juge injuste, l’adolescent se met en tête de venger son père. Débute une longue nuit de traque qui le changera à jamais.
Dernier film américain de Joseph Losey (Haines, Le rôdeur) avant qu’il ne fuie la chasse aux sorcières déclenchée par les studios l’année suivante, La grande nuit (The Big Night) entraîne son jeune protagoniste dans les sinuosités du film noir, tout en l’escortant vers un itinéraire bis, sorte d’odyssée urbaine et ténébreuse où le passage à l’âge adulte s'effectue contre un principe de réalité brutal. L’élection de lieux emblématiques du genre (boîte à jazz, combat de boxe) contribue autant à l’apprentissage d’une jungle urbaine motivée par les arnaques et l’alcool, qu’à la disparition de l’innocence.
Imprégnée d’une lumière contrastée issue de l’expressionnisme allemand, l’esthétique de La grande nuit allie à merveille la noirceur du héros écorché vif à la vulnérabilité de la jeunesse face au monde extérieur. Un mélo initiatique à redécouvrir.