La forêt interdite
Au début du siècle, un professeur de sciences naturelles (Christopher Plummer) débarque comme garde en Floride, non loin des Everglades, et part en chasse contre une bande de parias spécialisés dans le trafic de plumes d’oiseaux, qu’ils massacrent dans les marais.
Considéré comme l’un des premiers films écologiques produits par un grand studio (ici, la Warner), La forêt interdite est aussi contemporain de la création des parcs nationaux qui, à la fin des années 1950, marquèrent symboliquement la nécessité de protéger une nature menacée par l’industrialisation massive des États‑Unis.
C’est aussi l’un des films les plus mal‑aimés de Nicholas Ray qui, auréolé de ses succès avec James Dean (La fureur de vivre et À l’Est d’Eden), accepte la proposition du producteur Bud Schulberg de réaliser ce long métrage en décors naturels, à mi‑chemin du film d’aventures et du documentaire (voir ces magnifiques images en Technicolor de la faune des marais).
Riche en rebondissements, en guerres de clans et en tensions diverses (le casting, pour le moins hétéroclite, réunissait un vieux briscard de la comédie américaine, Peter Falk à ses débuts, une hôtesse de l’air, un futur acteur shakespearien…), le tournage de La forêt interdite a abouti à un résultat atypique, à la fois foutraque et attachant.
Très vite, Ray brouille les cartes du récit et montre combien les vrais responsables de cette dégradation de la nature ne sont pas ces braconniers, certes rustres mais plutôt sympathiques, mais cette société bien‑pensante qui, pour des raisons futiles, commandite le massacre des oiseaux. Une rareté à découvrir impérativement.