- Présentation du film par Joël Magny (3')
- Commentaires de Claude Chabrol (47')
- Le tournage du film (26')
- Entretien avec Caroline Eliacheff, coscénariste du film (25')
- Bande-annonce originale
- Bande-annonce du cycle Suspense au féminin
La fleur du Mal vient boucler une trilogie amorcée en 1995 avec La cérémonie puis suivi par Merci pour le chocolat (2000). Joël Mangy propose un bref topo de ce nouveau portrait de la bourgeoisie actuelle.
Claude Chabrol commente quelques scènes clés du film, dont celle du jardin d'hiver : installés dans le jardin d'hiver, les Charpin‑Vasseur prennent le café ensemble. Chabrol les enserre délibérément à la manière d'animaux en cage, il revient sur la transition temporelle qui s'opère entre le présent et le passé réactivé par tante Line endormie.
Dans la scène dite du Pyla, Michèle et François s'offrent une escapade dans la maison familiale du Pyla, bientôt rejoints par tante Line. Un simple claquement de porte dans cette scène (comme un souffle) indique que la maison est pleine d'événements passés, une temporalité qui trouve une certaine continuité avec l'arrivée de tante Line. Du point de vue de cette dernière, un plan de plage au présent renvoie à la plage de son enfance. La résurgence du passé n'est possible que par le biais du présent qu'elle perçoit.
Dans la scène nommée Chuchotis, Chabrol opte pour un travelling avec une légère diagonale respectant la taille des protagonistes. En optant pour ce choix d'angle, il compose une harmonie autour de tante Line et du couple de jeunes qui se déstructure selon les enjeux de la conversation puis retrouve sa forme initiale. Il s'agit de dépeindre la naissance d'une complicité de plus en plus nette entre les trois personnages.
Le bureau de vote : décryptage du geste de Gérard au bureau de vote, celui‑ci ne votera pas pour sa femme. À l'instar du plan en amorce de Matthieu (le bras droit de Anne) qui déboule avec le tract dans le jardin d'hiver, Bernard entre dans le champ à l'identique... Par cet effet de résonance, Chabrol propose une suggestion au spectateur, doublée d'une interrogation : à qui le crime profite ?
Un plan à l'envers : confronté à un problème de crédibilité pour la séquence du meurtre de Gérard, le cinéaste a choisi de partir du coup assené puis de remonter. Pour cela, il a fallu compter sur l'extrême habileté des comédiens.
L'escalier : l'astuce de magicien, pour reprendre les termes de Chabrol, consistait à solliciter l'accessoiriste et le chef électro pour monter le cadavre de Gérard dans l'escalier. Bien sûr, seuls ses pieds apparaissent dans le champ, puis le visage des deux actrices qui n'auront donc pas souffert de soulever l'objet de leur crime.
Le petit film de Patrick Le Gall nous plonge quant à lui dans les coulisses du film. Chabrol qui se moquait de l'adage de René Clair l'a finalement adopté : « Mon film est terminé, je n'ai plus qu'à le tourner », soit l'instant magique où le cinéaste peut (plus ou moins) souffler. Suzanne Flon et Bernard Le Coq saluent la merveilleuse direction d'acteur du cinéaste : attentif, vif, efficace, chaleureux, les compliments pleuvent.
Enfin, une intervention pointue de la coscénariste Caroline Eliacheff permet d'établir les points communs entre les trois films de Chabrol dans lesquels les femmes sont des criminelles. « On peut tout oublier mais rien ne s'efface », tel serait le propos qui lie ces drames dont les femmes (autant de cas pathologiques incarnés par Isabelle Huppert et Sandrine Bonnaire) sont motivées tour à tour par la répétition d'un crime déjà commis mais acquitté, ou la transmission d'une situation condamnée à se répéter…
À noter, un coffret Chaude Chabrol intitulé Suspense au féminin est aussi disponible, incluant L'enfer, La cérémonie, Rien ne va plus, Merci pour le chocolat, La fleur du Mal.