par Carina Ramon
03 avril 2024 - 10h44

La fièvre

année
2024
Créateur
InterprètesNina Meurisse, Ana Girardot, Alassane Diong, Benjamin Biolay, Xavier Robic
plateforme
genre
notes
critique
3
10
A

La nouvelle série du créateur de Baron noir, Éric Benzekri, nous plonge dans une société française qui s’enfonce dans une crise qui fleure bon une guerre civile plus que probable… ou pas.


Ce soir‑là, la grande famille du foot français fête ses héros : sourires, selfies, récompenses. Tout bascule quand, devant les caméras, Fodé Thiam, la star du Racing, assène un violent coup de tête à son entraîneur et le traite de « sale Toubab » (« Blanc » en wolof). Sidération : la tempête médiatique peut commencer. Si l’élément déclencheur de la crise se déroule dans le milieu du football, l’emballement médiatique qui en résulte met en perspective les failles les plus profondes de la société actuelle, où s’entremêlent tensions identitaires et lutte acharnée pour le pouvoir.


Un récit rarement crédible

Après avoir brillamment décortiqué les rouages de la politique hexagonale via l’ascension d’un membre du parti socialiste jusqu’à l’Élysée dans Baron noir, Éric Benzekri récidive en auscultant ceux d’une agence de communication chargée d’éteindre le feu démarré par une crise en apparence anodine et qui va très vite se transformer en brasier inarrêtable. Les comédiens sont tous remarquables, à commencer par une Nina Meurisse (BRI) époustouflante qui crève l’écran. Et la plume d’Éric Benzekri est toujours aussi ciselée, même s’il a parfois tendance à « s’écouter écrire ».

La grosse réserve vient en réalité du récit et de ses conséquences qui s’articulent autour d’un point de départ (les raisons du coup de tête) qui manquent de crédibilité. Benzekri est ensuite obligé de faire passer la pilule au forceps pour réussir sa démonstration. Le problème, c’est que dès que l’on recommence à y croire un peu, sa créature lui échappe à nouveau et retombe dans l’improbable (l’engueulade entre les journalistes, tout ce qui touche au foot avec des protagonistes surréalistes et une vision des médias tendances qui s’articulent exclusivement autour de Canal+).

 

L'option du pire 

Le monde décrit par Éric Benzekri ne semble passer que par le filtre médiatique sans jamais prendre en compte la réalité du terrain. Certaines possibilités pourtant évidentes ne sont jamais abordées, encore moins retenues pour expliquer ce qui se passe. L’auteur choisit toujours l’option qui mène au pire. On comprend les intentions, le climat social potentiellement explosif, mais son point de départ l’est beaucoup moins. Souvent, il ne faut pas aller chercher bien loin l’explication d’un débordement ou d’une dérive, comme le disait à raison Michel Rocard : « Toujours préférer l'hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare ».

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Tous publics
disponibilité
18/03/2024
image
6 x 50'
1.78
UHD 2 160p (HEVC)
SDR
16/9
bande-son
Français Dolby Digital + 5.1
sous-titres
Français
7
10
image

Techno sur les (trop longues) séquences mettant en scène les réseaux sociaux sur des murs d'écrans, l'image de la série se veut plutôt chic. Les décors, les intérieurs, tout est en place. Rien de spectaculaire ou de mémorable en fin de compte, mais de l'application.  

7
10
son

La partie sonore n'est pas plus développée que cela. On reste avant tout concentrés sur les tunnels de dialogues. Rien de franchement marquant là au fil des 6 épiqodes.

0
10
bonus
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