La femme à abattre
Le procureur Martin Ferguson (Humphrey Bogart) voit ses chances de condamner un chef du syndicat du crime s’évanouir lorsqu’un témoin important met accidentellement fin à ses jours en tentant de s’enfuir. L’investigation, enduite de multiples zones d’ombre, reprend donc à zéro. Les suspects s’enchaînent, Ferguson et ses hommes ne doivent laisser aucun détail au hasard, car le plus infime pourrait, à lui seul, remettre en cause toute l’affaire.
Grand classique du film noir réalisé par Raoul Walsh (L’ennemi public), La femme à abattre fait appel à des flashbacks récurrents sans que ce procédé ne souffre d’une redondance facile. Au contraire, l’éclatement des faits et leur remontée vers un passé à la fois trouble et presque onirique, désordonne puis structure le parcours sinueux de l’enquête.
Les cachots des âmes condamnées (« On peut les protéger de tout, sauf d’eux‑mêmes », dit Ferguson en guise de morale), exutoire déterministe du film noir, côtoient la violence mitrailleuse des gangsters, nés pour tuer. Avec la fluidité opératique de l’action, un sens garanti du rythme et un soupçon d’angoisse, Raoul Walsh confirme, une fois n’est pas coutume, son esthétique virtuose et Humphrey Bogart crève l’écran.