La féline
Séparé de son frère aîné depuis l’enfance, Irena (Nastassja Kinsky) le rejoint à la Nouvelle‑Orléans, peu après le décès de ses parents adoptifs. Paul (Malcolm McDowell) lui révèle l’histoire de leurs aïeux, tiraillés entre leur part d’humanité et leur antagoniste primal.
Considérée à tort comme le remake du classique éponyme de Jacques Tourneur (1942), la version de Paul Schrader (Blue Collar, Hardcore, The Canyons) fait exploser la puissance érotique jusqu’alors cantonnée hors‑champ.
Outre un bref hommage à l’original avec l’irruption d’une inquiétante femme en noir aux yeux perçants, Schrader invoque un legs mystérieux qui se réclame de la chair et du sang pour traverser les siècles. Un dilemme anthropomorphique s’impose alors à la virginale Irena (qui d’autre que la sublime Nastassja Kinsky pouvait combiner la candeur et la bête endormie ?).
Parti d’une magnifique séquence d’ouverture bâtissant le mythe de la femme féline dans un désert originel (le travail du directeur artistique Ferdinando Scarfiotti et du chef‑opérateur John Bailey est impressionnant), le film rétablit cette dualité dans le contexte actuel. Aussitôt transformés en panthère, Irena et Paul se retrouvent enfermés dans le zoo de la ville, l’instinct de survie et le déchaînement de leurs pulsions étant, de fait, réprimés par la société.
Conte sensuel et envoûtant, cette Féline échappée des années 80 s’octroie les compositions hypnotiques de David Bowie et Giorgio Moroder en prime.