La dame de fer
L’Histoire atteste qu’elle dirigea le Royaume‑Uni d’une main de fer. Margareth Thatcher, première et unique femme Premier ministre de 1979 à 1990, est maintenant âgée de plus de 80 ans.
Le biopic commence avec l’ancienne femme d’État diminuée, en proie à des accès de sénilité. La voici partageant le petit‑déjeuner ou des vidéos de famille avec son défunt mari, Denis (Jim Broadbent), disparu en 2003. Étrange parti pris que de recourir à la maladie (qui, de plus, affecte considérablement la mémoire) pour amorcer l’itinéraire rétrospectif d’une personnalité hors du commun…
Débutent ainsi les va‑et‑vient récurrents entre le présent de l’enfermement et le passé, plus intime que politique, reléguant chaque événement à son simple point de vue, tantôt distancié, tantôt affecté. Des souvenirs pêle‑mêle se succèdent, de l’ascension du pouvoir à la déchéance, de la jeunesse au vieillissement. Un processus naturel qui n’obéit pourtant à aucun circuit linéaire.
En plus de cet aspect brouillon, la réalisatrice Phyllida Lloyd (Mamma Mia !, déjà avec Meryl Streep) survole onze années d’une épopée politique haletante, en la réduisant à une flopée d’images documentaires, sans prendre véritablement la peine de creuser ses complexités et ses postures radicales. Comme si, à l’heure du bilan existentiel, le ressenti devait primer sur les actes. Toutefois, Meryl Streep (oscarisée) excelle dans son mimétisme à l’anglaise.